Italie : Les frasques de Berlusconi et les succès de la Ligue du Nord10/06/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/06/une2132.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Italie : Les frasques de Berlusconi et les succès de la Ligue du Nord

Berlusconi avait parié que son parti, le Peuple des Libertés (PdL), remporterait plus de 40 % des voix dans ces élections européennes et qu'il en ferait ainsi un succès personnel. Du coup, les 35,3 % des voix obtenus par le PdL apparaissent comme une demi-défaite, montrant qu'il n'a pas retrouvé les 37,4 % obtenus un an plus tôt, aux élections législatives de 2008, qui lui ont permis de succéder au gouvernement de centre-gauche de Romano Prodi.

Est-ce l'effet des scandales qui ont tenu la Une de la presse italienne avant les élections, c'est-à-dire les frasques de Berlusconi avec des mineures, dont la jeune Napolitaine Noemi Letizia ? Toujours est-il que, selon certains commentaires, c'est une partie de l'électorat catholique, notamment du sud, qui aurait fait défaut à Berlusconi. C'est dire que ces élections ne sont pas pour autant un succès de la gauche. C'est en revanche le principal parti allié du PdL, la Ligue du Nord, qui tire le mieux son épingle du jeu en obtenant 10,2 % des voix, contre 8,3 % un an plus tôt, alors que son électorat se limite pour l'essentiel au nord du pays.

C'est à la Ligue du Nord que l'on doit les plus récentes lois anti-immigrés et l'institution de « rondes » de citoyens censées traquer la délinquance en l'assimilant globalement aux étrangers. Il faut croire que la démagogie de ce parti xénophobe et raciste a été payante, en lui permettant de se distinguer de la majorité berlusconienne et de gagner, sur son image de parti agissant... pour le pire, une fraction de l'électorat populaire déçu par l'expérience, encore récente, du centre-gauche au gouvernement. Mais, en Italie comme ailleurs en Europe, cet électorat semble s'être encore un peu plus tourné vers l'abstention (66,4 % de participation contre 72,88 % en 2004)

À gauche, le Parti Démocrate semble favorablement surpris d'avoir obtenu 26,1 % des voix contre 33,2 % aux législatives de 2008, alors qu'il s'attendait à une déroute majeure. Le Parti Démocrate et le PdL berlusconien s'étaient trouvés d'accord pour instituer une barre à 4 % dans ces élections à la proportionnelle, grâce à laquelle les deux regroupements à sa gauche, l'alliance Rifondazione-Communistes Italiens d'une part, Gauche et Liberté d'autre part, n'auront pas de représentants, recueillant respectivement 3,4 % et 3,1 % des voix.

Ces élections, qui apparaissent globalement comme un succès pour la droite au pouvoir, témoignent encore une fois surtout de l'absence d'une réelle opposition. Le Parti Démocrate, sur l'essentiel de ses positions, ne se distingue guère de Berlusconi, au point d'en avoir été réduit à faire campagne sur ses frasques sexuelles pour tenter de s'en distinguer. Les partis plus à gauche, eux, payent encore et pour longtemps le fait d'avoir soutenu sans faille la politique antiouvrière du gouvernement Prodi et du Parti Démocrate. La classe ouvrière devra trouver en elle-même les forces de riposter aux attaques qui se succèdent.

André FRYS

À l'extrême gauche

À l'extrême gauche, le Parti Communiste des Travailleurs (PCL), formé de militants trotskystes et présent dans trois circonscriptions sur cinq, recueille 166 317 voix et 0,54 %.

Partager