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Dans le monde
Allemagne : La généralisation du chômage partiel
Depuis le début de l'année, plus de 70 000 entreprises ont fait, en Allemagne, une demande de mise en chômage partiel de leurs salariés. Cela concerne un total de plus de deux millions de travailleurs. De semaine en semaine, ce nombre ne fait que croître. Pas seulement dans de petites entreprises ou chez des sous-traitants mais aussi dans de gros trusts comme Bayer, Daimler, ThyssenKrupp ou Lufthansa.
Cette augmentation est liée à la crise mais aussi à toutes les facilités accordées au patronat. En effet, le chômage partiel est presque indolore pour les entreprises. Auparavant (en 2008) celles qui avaient recours au chômage partiel devaient continuer à payer au moins 80 % des charges sociales pour les salariés concernés, pendant que l'Agence fédérale pour le travail (le Pôle emploi allemand) versait les salaires. Mais depuis le 1er janvier 2009, l'Agence prend en charge 50 % des charges sociales. Et à partir du 1er juillet ces dernières seront entièrement prises en charge à partir du 7e mois de chômage. C'est-à-dire que le chômage partiel va devenir pratiquement gratuit pour les patrons !
Par ailleurs, le gouvernement vient d'augmenter la durée pendant laquelle le recours au chômage partiel est possible, en la portant de 18 à 24 mois.
Dans ces conditions, il n'est guère étonnant que tant d'entreprises profitent du chômage partiel, qui leur permet d'augmenter encore plus la flexibilité (les travailleurs peuvent être mis au chômage partiel ou être rappelés au travail du jour au lendemain).
De leur côté, les salariés paient deux fois : d'abord ceux qui sont directement concernés supportent les pertes financières du chômage partiel (puisqu'ils ne touchent pour les périodes de chômage que 60 % de leur salaire net antérieur, et 67 % s'ils ont au moins un enfant), mais l'ensemble des salariés paie aussi par le biais de leurs cotisations puisque ce sont les caisses d'assurance-chômage qui financent ces sommes.
Le gouvernement explique cyniquement qu'il trouve cela bien car des emplois seraient ainsi sauvés. En cela il reçoit malheureusement l'aide des dirigeants de la centrale syndicale DGB, qui défendent avec les mêmes arguments l'extension du chômage partiel. En réalité les entreprises mènent les deux offensives de front, avec le chômage partiel d'une part, et les licenciements d'autre part. Au cours des trois premiers mois de l'année, plus d'un demi-million de personnes ont ainsi perdu leur emploi. On a jeté à la porte d'abord les intérimaires, puis ceux ayant un contrat à durée déterminée. Mais bien des entreprises comme Opel, ThyssenKrupp, Continental, etc., licencient aussi des travailleurs en contrat à durée indéterminée ou prévoient des licenciements. Le chômage partiel leur sert, en réalité, à imposer à ceux qu'ils ne licencient pas des salaires à la baisse, des conditions de travail aggravées et une flexibilité renforcée.
Pourtant les trente entreprises du DAX, l'équivalent du CAC 40 en Allemagne, ont réalisé en 2008 tellement de profits qu'elles ont versé, selon le quotidien d'affaires Handelsblatt, 22,4 milliards d'euros de dividendes à leurs actionnaires. Elles auraient donc largement les moyens de maintenir l'emploi et de payer à 100 % le chômage partiel, sans piller les caisses de chômage et vider les poches de leurs salariés.