«Zones touristiques» «zones culturelles», zones de travailleurs corvéables09/07/20092009Journal/medias/journalnumero/images/2009/07/une2136.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

«Zones touristiques» «zones culturelles», zones de travailleurs corvéables

C'est la quatrième mouture du projet du gouvernement en faveur du travail du dimanche qui est en discussion. Cette fois-ci, pour ne pas froisser les membres de sa propre majorité qui avaient fait échouer la précédente tentative en décembre, le texte ne parle plus de porter le droit d'ouvertures exceptionnelles des magasins de cinq à huit par an.

La loi proposée a cependant des avantages non négligeables pour les patrons. Elle permet la création de zones commerciales spéciales dans les agglomérations de plus d'un million d'habitants, où le travail du dimanche serait autorisé toute l'année. Ce qui supprimerait les problèmes des patrons de Plan-de-Campagne ou de Paris-Nord II qui ouvraient déjà leurs magasins en toute illégalité le dimanche, au risque parfois de se faire condamner à des amendes non négligeables par les tribunaux à la suite de plaintes déposées par les syndicats.

Mais surtout, la loi vise aussi à créer des « zones touristiques » ou « culturelles » où l'ouverture dominicale serait non seulement autorisée mais où toutes compensations pour les salariés disparaîtraient : ni doublement de salaire, ni repos compensateur, ni l'idée de volontariat même si on sait que celle-ci est de toute façon très relative. Il s'agit là d'une banalisation du travail du dimanche et d'une offensive pour faire baisser les salaires.

Le gouvernement ne parle même plus de créer des emplois mais d'en « sauvegarder » , dixit le tout récent ex-ministre du Travail Hortefeux. Ce que son successeur Darcos appelle « une loi de bon sens » est bien dans la mentalité de ces politiciens pour qui les moindres désirs des grands patrons sont des évidences universelles. Il s'agit pour ces derniers de profiter de travailleurs corvéables à merci, sans avoir à leur verser un revenu suffisant pour vivre. Et pour les travailleurs, ils devraient, en plus de se serrer constamment la ceinture, sacrifier toute vie sociale en travaillant les dimanches qui s'ajoutent souvent déjà aux soirs de semaine jusqu'à des heures impossibles.

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