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Dans les entreprises
La Poste : Les postiers en grève contre la privatisation
La grève contre la privatisation de La Poste, à laquelle les syndicats appelaient ce mardi 22 septembre, avait commencé la veille aux guichets des bureaux parisiens, pour protester contre les réductions d'effectifs. En neuf mois, 140 postes viennent d'y être supprimés.
Dans le cadre d'un programme intitulé « Bienvenue à La Poste », les usagers ont vu les queues s'allonger, les automates remplacer leur guichetier habituel, tandis que les postiers étaient contraints de changer d'horaires et parfois de bureau.
Cette situation est à l'image de ce qui se passe un peu partout à La Poste. Facteurs, employés des centres de tri, personnel des Chèques postaux, tous sont en butte à d'incessantes restructurations qui ne cessent de diminuer leur nombre : 7 600 suppressions d'emplois ont eu lieu rien que sur les six derniers mois.
Dans ces conditions, inutile de dire que les propos du ministre de l'Industrie Christian Estrosi, affirmant que la transformation de La Poste en société anonyme ne signifiait pas sa privatisation, sous prétexte que son capital n'était pour l'instant pas ouvert au privé, ne rassurent personne. Chacun sait bien que, si La Poste se vante année après année des bénéfices qu'elle réalise grâce à ces suppressions d'emplois, c'est justement pour attirer un jour ces capitaux privés. Ils sont d'ailleurs déjà présents dans bon nombre de ses filiales.
On avait entendu des propos semblables lors de la privatisation d'EDF-GDF ou de France Télécom, et chacun a pu juger depuis de ce qu'ils valaient. Les drames intervenus à France Télécom ont d'ailleurs été largement commentés dans les bureaux de poste, tant il est évident qu'une poste privatisée risque fort de suivre la même voie. Mais rien n'arrête des gens comme Estrosi en matière de mauvaise foi. On a pu l'entendre traiter de menteurs ceux qui affirment que La Poste va être privatisée, et affirmer dans la foulée que le statut de fonctionnaire des postiers sera garanti par la loi, alors que la moitié travaillent déjà en CDI sous statut privé. La Poste a augmenté leur proportion chaque année, justement pour réduire la masse salariale, augmenter la précarité et, au bout du compte, préparer la privatisation.
Face à toutes ces attaques, de nombreuses grèves ont eu lieu ces dernières années, mais elles sont restées isolées, parfois dans un seul bureau, au mieux dans un département. Aujourd'hui, seul un mouvement d'ensemble des 280 000 postiers pourrait mettre un coup d'arrêt à la privatisation et aux suppressions d'emplois. Ils en ont la force, et la journée de grève du 22 septembre montre que cela peut être possible.