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Leur société
Crise du lait : Les producteurs ne baissent pas les bras
Des milliers de producteurs de lait venus de toute l'Europe s'étaient donné rendez-vous le 4 octobre à Bruxelles, pour manifester à l'occasion d'une réunion extraordinaire des ministres de l'Agriculture de l'Union européenne. Avec vaches et tracteurs, ils ont totalement bloqué le quartier des institutions européennes.
Parallèlement, en France, les producteurs ont repris leurs manifestations dans plusieurs régions, notamment en distribuant gratuitement des centaines de milliers de litres de lait aux consommateurs ou à des associations caritatives.
Face à la chute des prix qui ne leur permet plus de vivre de leur travail et met en danger l'existence de nombreuses exploitations, les producteurs réclament des mesures d'urgence au niveau de l'Europe, notamment des aides financières et le maintien des quotas, dont la fin est programmée progressivement d'ici 2015.
Mis en place depuis 1984, les quotas régulent artificiellement la production et les prix. Ils fixent les quantités maximum à produire, au-delà desquelles les producteurs doivent se débarrasser de leur lait, en le distribuant gratuitement - dans la limite de 3 000 litres par an seulement - ou en le jetant à l'égout. En retour, grâce aux subventions des institutions européennes, ces quotas leur garantissaient jusque-là un certain prix de vente, ce qui n'est déjà plus le cas aujourd'hui.
Le commissariat européen à l'Agriculture prétend que son budget ne lui permet plus de poursuivre cette politique. À l'issue de la réunion extraordinaire du 4 octobre et pour essayer de calmer la colère des agriculteurs, les autorités européennes leur ont promis la mise en place d'un groupe d'experts, chargé de faire des propositions pour soutenir leur secteur d'ici juin 2010. Pas de quoi rassurer les manifestants ! Mais il n'en fallait pas plus pour que le ministre français Bruno Le Maire se dise satisfait, déclarant que « l'Europe était engagée dans une dérégulation totale » mais qu'il avait « la conviction que l'Union européenne est désormais dans la bonne direction ». Comme s'il n'était pas membre d'un gouvernement qui, en France, a remis en cause en 2008, au nom de la libre concurrence, les accords entre les représentants des producteurs de lait et ceux des industriels, qui fixaient les prix pour un an. En dispersant les négociations, il a ainsi livré les éleveurs, qui sont souvent de petits exploitants, aux grands trusts de la filière, comme Entremont, Danone ou Lactalis !
Voilà bien l'absurdité de ce système, où l'augmentation de la production, au lieu d'améliorer les conditions de vie des producteurs et de permettre de satisfaire les besoins alimentaires de l'Europe et, au-delà, de la planète, conduit à la ruine des producteurs. La solution n'est évidemment pas dans le maintien ou non des quotas, mais dans la libération de l'économie de la mainmise des grands groupes capitalistes.
Mais les producteurs qui refusent de travailler à perte ont raison de se battre pour vivre de leur activité. Et les travailleurs ne peuvent qu'être solidaires de leur lutte.