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- Lutte ouvrière n°2155
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Dans le monde
Italie : La manifestation du 14 novembre à Rome - Quelle réponse à la crise ?
Ce sont cent mille personnes, selon les organisateurs, qui ont défilé samedi 14 novembre à Rome à l'appel de la plus grande centrale syndicale, la CGIL, pour demander au gouvernement « une réponse à la crise ».
Car s'il est une évidence, c'est que l'Italie n'est nullement en passe de voir « la fin du tunnel », contrairement aux affirmations du gouvernement Berlusconi. Pendant plusieurs mois, en effet, celui-ci à réussi à minimiser la crise, allant jusqu'à déclarer qu'elle n'existait guère que dans les discours de la gauche ou de journalistes de mauvais augure et ajoutant que le pays, de toute façon, serait bien moins touché que les autres. Mais malgré ces discours officiels, chacun a pu constater l'augmentation des fermetures d'entreprises ou des travailleurs mis en « cassa integrazione », l'équivalent du chômage partiel. Le nombre de chômeurs n'a cessé d'augmenter, même si les statistiques officielles ne le reflètent certainement que partiellement en indiquant un taux de chômage qui serait passé de 6,8 % en 2008 à 7,4 % aujourd'hui. En effet un grand nombre de travailleurs précaires, n'ayant droit à aucune indemnité lorsqu'ils perdent leur poste, ne s'inscrivent tout simplement pas sur les listes.
Mais cette croissance du chômage se mesure aussi par celle du nombre de travailleurs en chômage partiel. Le nombre des heures de « cassa integrazione » bat des records depuis le début de l'année, avec 716 millions d'heures, en augmentation de 804 % dans les dix premiers mois de 2009 par rapport à l'année précédente.
Les travailleurs en « cassa integrazione » ne sont pas comptabilisés comme chômeurs, faisant encore théoriquement partie de l'effectif de leur entreprise. Mais justement les périodes de « cassa integrazione » pendant lesquelles les travailleurs perçoivent une indemnisation de l'ordre de 600 à 700 euros vont arriver à échéance à la fin de l'année et au début 2010. Beaucoup devraient alors se transformer en mesures de licenciement ou de « mobilité », les travailleurs n'ayant plus d'emploi ni d'indemnisation, mais seulement une priorité à être reclassés qui risque d'être de plus en plus théorique.
Cette situation a fait déclarer à Guglielmo Epifani, secrétaire général de la CGIL, dans son discours concluant la manifestation du 14 novembre, qu'il fallait maintenant s'attendre à « une avalanche » de licenciements, de mesures de mobilité et de travailleurs précaires qui se retrouveront chez eux, sans indemnisation et sans avenir.
Mais justement, depuis des mois, la réponse syndicale se fait plutôt attendre. Alors que les deux autres grandes syndicales UIL et CISL se contentent de signer les accords que Berlusconi et le patronat leur proposent, la CGIL a bien organisé un certain nombre de manifestations, dont celle-ci. Mais elles semblent plus destinées à manifester sa propre existence et à répondre à ses oppositions internes qu'à offrir aux travailleurs une vraie perspective de riposte. Epifani se borne en effet à demander au gouvernement une « politique industrielle » dont on ne sait trop en quoi elle pourrait consister si ce n'est en aides diverses au patronat sous prétexte de sauvegarder l'emploi. En cela Epifani rejoint Emma Marcegaglia, la dirigeante de la confédération patronale Confindustria, qui ne cesse de demander au gouvernement « du vrai argent » pour aider les entreprises... évidemment sans s'engager à rien en termes d'emploi.
Reste que l'inquiétude des travailleurs italiens ne cesse de croître. En témoigne le nombre d'entreprises en passe de fermeture que leurs travailleurs occupent dans l'attente d'une solution. La nécessité d'une véritable riposte de l'ensemble de la classe ouvrière se fait de plus en plus sentir.