Dans un communiqué du jeudi 14 janvier, le ministre de l'Immigration Eric Besson s'est vanté d'avoir « donné instruction à ses services de suspendre immédiatement toute procédure de reconduite dans leur pays d'origine des ressortissants haïtiens en situation irrégulière sur le territoire national ». Il a par ailleurs annoncé qu'il assouplirait les conditions de regroupement familial et d'accueil des victimes, tout en précisant bien que cela ne serait que de façon « temporaire ».

Chaque année, plusieurs milliers d'Haïtiens sont brutalement expulsés, principalement depuis les Antilles françaises et la Guyane, et renvoyés dans un pays miné par la misère, sans que cela pose de cas de conscience à Besson et ses amis du gouvernement. De la part d'un homme capable de renvoyer des réfugiés afghans dans un pays en guerre, on peut s'attendre au pire, et c'est pourquoi sans doute il a précisé qu'il n'y aurait pas pour l'instant d'expulsion vers Haïti. Il est vrai que les raisons ne sont certainement pas pour l'essentiel « humanitaires », tant il est inconcevable de faire atterrir en ce moment un charter de sans-papiers haïtiens sur l'aéroport de Port-au-Prince, déjà bien insuffisant pour recevoir les aides urgentes indispensables à la survie de la population.

Ajoutant l'hypocrisie à l'indécence, Besson saisit l'occasion fournie par la situation dramatique de la population haïtienne pour essayer de se donner à bon compte un visage humanitaire.