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Dans les entreprises
France Télécom : Les richards sont bien servis
Stéphane Richard, qui était jusqu'à l'été dernier directeur de cabinet de la ministre de l'Économie Christine Lagarde, a pris ses fonctions de directeur général de France Télécom le 1er mars.
Il avait commencé sa carrière en 1991 comme conseiller technique au cabinet du ministre socialiste de l'Industrie de l'époque, Strauss-Kahn, et passe aujourd'hui pour un proche de Sarkozy. Entre-temps Strauss-Kahn, qui était devenu ministre des Finances en 1997, avait privatisé France Télécom et l'avait fait coter en Bourse, tandis que Richard avait profité de son passage dans le pôle immobilier de la Générale des Eaux (devenue aujourd'hui Nexity) pour s'enrichir.
La première annonce de Richard à la tête de France Télécom est de proposer, pour la prochaine assemblée générale des actionnaires, un dividende identique à celui de l'année dernière, malgré un bénéfice en léger recul. L'État ne détenant plus que 27 % du capital, ce sont les actionnaires privés qui bénéficieront de la plus grosse part de ce pactole, 3,65 milliards d'euros au total.
Même le syndicat des cadres CGC dénonce la « folle politique de distribution des dividendes », qui implique une baisse des investissements ou le recours à l'emprunt. De son côté, la presse financière affiche évidemment sa satisfaction. Elle souligne que France Télécom a bien résisté à la crise, qu'elle continue à être une entreprise qui « produit du cash », et « a recruté 51 % des nouveaux abonnés au mobile au quatrième trimestre, soit 383 000 personnes ». Seulement, pour effectuer le travail, il manque le recrutement... de personnel. Après la suppression de dizaines de milliers d'emplois ces dernières années, les conditions de travail sont devenues détestables pour nombre de salariés : il y a eu huit nouveaux suicides rien que depuis le début de cette année. Mais cela n'impressionne pas Stéphane Richard qui, dans une interview au Monde du 26 février, se déclare simplement « choqué »... « par la façon dont certains instrumentalisent les suicides pour instruire le procès de l'entreprise ». Ils sont pourtant bien la conséquence d'un système fou où seuls les intérêts des actionnaires sont pris en compte.