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- Lutte ouvrière n°2174
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Leur société
Nos lecteurs écrivent : La dégradation du service public d'éducation
« Depuis huit ans que j'exerce l'activité de conseiller principal d'éducation (CPE) dans un collège parisien, les conditions de travail ne cessent de se dégrader.
Le CPE a la responsabilité du bon déroulement de la vie scolaire, c'est-à-dire de tout ce qui se passe en dehors de la classe (entrées et sorties des élèves, couloirs, cours, cantine, foyer, etc.). Il organise l'équipe des surveillants et contrôle l'assiduité et la ponctualité des élèves. Il est donc le responsable de la lutte contre l'absentéisme des élèves mais, dans cette tâche, il travaille en collaboration avec les enseignants, les non-enseignants (infirmière, assistante sociale, conseillère d'orientation) et les parents d'élèves.
Quand le gouvernement décide de supprimer des postes dans les collèges, cela a immédiatement des conséquences concrètes. Un poste de secrétaire de direction supprimé, ce qui nous est arrivé, et c'est une partie de son travail administratif qui n'est plus fait ou qui est redistribué à ses collègues qui doivent ainsi gérer de nombreux travaux d'écriture, des courriers, des dossiers de bourse, la préparation de journées portes ouvertes ou la saisie informatique des notes avec, pour conséquence, de réduire le temps des surveillants et du CPE consacré aux élèves, et celui des enseignants pour préparer leurs cours.
Lorsque le ministre Luc Chatel prétend qu'il y a assez de personnes pour encadrer les élèves avec six ou sept surveillants, il oublie de dire qu'ils sont à temps partiel et que cela équivaut en réalité à seulement trois ou quatre surveillants par jour. (...)
Le 1er mars dernier, pour masquer le fait que 16 000 emplois ont été supprimés dans l'Éducation nationale en 2009, le secrétaire d'État à l'emploi Laurent Wauquiez a assuré qu'il embauchait aussi. Certes, mais ces embauches consistent à remplacer des personnes formées et qualifiées par des précaires non qualifiés, ceux qu'on appelle les « contrats d'avenir » ou encore les « contrats d'accompagnement dans l'emploi ». Depuis le 1er février 2009, on a ainsi créé cinq mille postes de « médiateurs de la réussite scolaire ». Sous contrat de droit privé et travaillant à temps partiel, ils sont faiblement rémunérés et peuvent être écartés au bout d'un an.
Au fil du temps, des activités exercées par des personnels qualifiés sont confiées à des personnes au statut précaire et sans formation. C'est évidemment un des biais du gouvernement pour réduire l'argent qu'il consacre au service de l'éducation, mais surtout c'est préjudiciable aux élèves. (...) »
Un lecteur, conseiller principal d'éducation.