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- Lutte ouvrière n°2182
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Leur société
Électricité et gaz : Le charme discret de la privatisation
Sur les quatre premiers mois de l'année 2010, le médiateur de l'énergie a enregistré 7 100 plaintes, soit une progression de 40 % par rapport aux plaintes enregistrées en 2009, elles-mêmes en forte hausse.
Ce médiateur est chargé de recueillir les doléances des usagers du gaz et de l'électricité, de leur faire connaître leurs droits et éventuellement leur suggérer une solution. Avec seulement 41 salariés, cette instance est débordée par le flot de réactions des abonnés. À la source, il y a évidemment la privatisation du gaz et de l'électricité, marquée par la fin des monopoles historiques d'EDF et de GDF, le 1er juillet 2007.
Les usagers se plaignent d'abord de changements de fournisseur pas toujours choisis, du fait de l'indélicatesse de certains opérateurs. D'après des usagers, certains représentants des opérateurs n'hésitent pas à se présenter comme des agents d'EDF pour arracher des contrats qui entraînent une résiliation non désirée de leur contrat EDF. Ces abus ont augmenté de 20 %. Les autres plaintes, plus classiques, concernent des problèmes de facturation ou de compteur.
Comme les deux opérateurs issus de l'entité EDF-GDF restent très puissants sur le marché, ils cumulent le plus grand nombre de plaintes : 41 % du total pour GDF Suez et 35 % pour EDF. Ensuite, on trouve les nouveaux venus sur ce marché : Direct Énergie, 12 % des plaintes, et Poweo, 6 %. Les régions où les plaintes sont les plus importantes sont le Nord-Pas-de-Calais, la Champagne-Ardenne, le Centre et l'Aquitaine.
Le médiateur constate aussi une montée de la précarité chez une partie des abonnés. Les demandes de personnes en situation financière difficile ont augmenté de 10 % en 2009. En ce qui concerne les hausses de tarifs qui se multiplient ces derniers temps, le médiateur dit souhaiter qu'elles soient moins importantes pour les particuliers et ceux qui font des efforts pour maîtriser leur consommation. Mais cela va à l'encontre de la politique des opérateurs qui ne cessent de revenir à la charge pour obtenir du gouvernement l'autorisation d'augmenter le gaz comme l'électricité. À peine ceux du gaz viennent-ils d'obtenir une hausse de 9,5 % que le patron d'EDF Henri Proglio a demandé à son tour un tarif minimum de 42 euros par mégawattheure (Mwh).
Si EDF obtenait satisfaction, cela entraînerait, selon les calculs de la Commission de régulation de l'énergie, un relèvement des tarifs des particuliers et des petits professionnels de 11,4 %, puis de 3,5 % par an entre 2011 et 2025. À quand l'indexation des salaires, pensions et minimas sociaux sur ces tarifs de plus en exorbitants ?