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Dans le monde
Pour BP, la sécurité n'est pas une priorité
Plus les jours passent et plus la responsabilité (il faudrait plutôt dire l'irresponsabilité) de Bristish Petroleum est mise en évidence dans l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon, dans le golfe du Mexique, ainsi que le mépris de ses dirigeants pour la vie humaine et l'environnement.
Dans l'heure qui a précédé l'explosion le 20 avril, trois signaux d'alarme, dont une pression anormale et un écoulement hors du puits, avaient averti de l'imminence d'un risque d'explosion. Le système d'urgence permettant de boucher le puits, activé 18 minutes avant l'explosion, s'est avéré défaillant. Mais à défaut de pouvoir intervenir, les responsables sur place de BP et de Transocean, propriétaire de la plate-forme, auraient cependant eu le temps de faire évacuer la plate-forme, et de sauver la vie de onze personnes.
En remontant plus loin en arrière, il apparaît que BP aurait volontairement ignoré les signaux d'alarme et même violé ses propres règles de sécurité, dans le but de baisser les coûts d'extraction du pétrole. C'est ce que dénonce le quotidien américain The New York Times dans ses éditions, au fur et à mesure que des documents internes émanant de BP apparaissent au grand jour ; ils révèlent que les problèmes autour du puits de pétrole ne datent pas d'hier, surtout en ce qui concerne les deux éléments critiques ayant conduit au désastre, le coffrage et le bloc obturateur - série de valves posées au fond de l'océan et destinées à boucher le puits.
Alors que les forages en eaux profondes présentent des risques accrus et, on le constate maintenant, non maîtrisés, BP a choisi à chaque fois l'option la plus économique, même lorsque les garanties étaient plus faibles. Ainsi, un coffrage simple fut installé autour du puits de pétrole, au lieu d'une double barrière, et aucun test mesurant la résistance du bloc obturateur censé fermer le puits en cas d'urgence n'a été effectué. Aucun interrupteur d'arrêt à distance n'avait été installé, qui aurait permis de fermer le puits même si la plate-forme en surface était détruite - BP, comme d'autres compagnies exploitant le pétrole du golfe du Mexique, trouvait que le prix de 500 000 dollars (380 000 euros) était « exorbitant » !
Plusieurs incidents qui se sont produits sur cette plate-forme depuis un an n'ont pas amené BP à revoir la sécurité. Des ingénieurs de la compagnie firent part de leur inquiétude au sujet du coffrage, qui pouvait laisser échapper des gaz et céder sous une forte pression. Le porte-parole de BP déclara alors qu'il n'existait aucune norme industrielle pour le coffrage des puits en eaux profondes, et que la procédure employée n'était pas inhabituelle. En mars, à trois reprises, le bloc obturateur a montré des faiblesses. Après intervention, les tests de contrôle qui devaient avoir lieu chaque quinzaine ont d'abord été retardés, puis effectués avec une pression plus basse d'un tiers de celle utilisée avant, et il en a été ainsi jusqu'à l'accident, ce qui a faussé les contrôles.
La plate-forme Deepwater n'est qu'un des exemples montrant que BP néglige la sécurité de ses installations. En 2005, une explosion dans une raffinerie du Texas avait tué 15 ouvriers et blessé 170 autres : déjà, l'enquête avait montré que BP avait rogné sur la sécurité. Mais malgré toutes les défaillances avérées, cette compagnie n'en continue pas moins à exercer ses activités sur toute la planète.