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Leur société
Sécurité sociale : Le déficit se creuse, mais les travailleurs n'ont pas à le payer
La Sécurité sociale vient de présenter ses comptes pour 2009. Le déficit s'élève à 20 milliards d'euros, soit le double de l'année précédente, et pour 2010 il devrait frôler les 27 milliards. En trois ans, le « trou de la Sécu » aura donc été pratiquement multiplié par trois.
Les chiffres annoncés concernent l'ensemble des quatre caisses du régime général mais ce sont les caisses maladie et vieillesse qui accusent le plus lourd déficit ; pour 2010, il manque respectivement 13 et 9 milliards d'euros dans l'une et l'autre pour équilibrer les comptes.
Comme le précise lui-même le rapport de synthèse de la Commission des comptes : « Cette très forte dégradation est due pour l'essentiel à l'impact de la récession sur les recettes. » Effectivement ce ne sont pas les dépenses qui auraient augmenté mais les recettes qui ont baissé, essentiellement parce que le nombre de chômeurs ne cesse de croître.
Pour la branche maladie, les dépenses augmentent peu et, en pourcentage, moins que les années précédentes. Parce que les dépenses sont « contenues », disent les commentateurs, c'est-à-dire en langage clair, parce que la part des frais médicaux que la Sécurité sociale rembourse ne fait que diminuer avec les déremboursements ou moindres remboursements des médicaments et les « franchises » de toutes sortes. Et parce que, par voie de conséquence, une partie de plus en plus importante des assurés sociaux renonce à se soigner.
Et ce n'est pas fini... La réforme de l'hôpital est en cours qui consiste à fermer des services et des lits ; un gel des crédits pour les hôpitaux a aussi été annoncé ; la ministre de la Santé vient d'en appeler à la « vigilance » sur les arrêts de travail et la prescription de soins de masseurs-kinésithérapeutes.... Et la liste n'est pas close des inventions du gouvernement pour diminuer les dépenses de santé au mépris de la santé des salariés.
Pour la branche vieillesse, il manque plus de 9 milliards d'euros dans les caisses pour équilibrer les dépenses. Du coup, le ministre du Travail et de la Solidarité déclare que si l'on ne fait rien, « les comptes vont se dégrader année après année sous le poids de la démographie. » Et d'asséner le bon gros vieux mensonge sur l'inéluctabilité de la réforme des retraites au prétexte qu'on vit plus longtemps : « L'espérance de vie a augmenté de 15 ans depuis 1950 et va continuer à croître : le simple bon sens exige que nous en tirions les conséquences. » Mais puisqu'il en appelle au « simple bon sens », alors parlons de la productivité du travail qui, dans le même temps, a bien plus augmenté encore, assurant un très gros butin aux patrons qui l'ont détourné pour leur seul avantage.
Les caisses de la Sécurité sociale sont appauvries par un déficit de rentrées sous l'effet du chômage et de la crise. Le grand patronat et son gouvernement ont décidé de ne pas payer pour autant, quitte à revenir sur le droit à la santé et à la retraite pour tous.
Ne les laissons pas faire !