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Dans le monde
BP, plus puissant que bien des États
Quand certains, outre-Atlantique, pointent du doigt le caractère britannique de BP (initiales de British Petroleum), ils « oublient » que si cette compagnie est l'héritière de l'Anglo-Iranian, elle l'est aussi des majors pétrolières américaines Arco et Amoco. D'ailleurs, aujourd'hui, si son capital appartient à 41 % à des Britanniques, presque autant (39 %) se trouve entre des mains étatsuniennes.
En fait, les milliards que BP doit débloquer sont avant tout une réponse de sa direction à l'effondrement du cours de son action en Bourse. Pour « rassurer les marchés », autrement dit pour montrer aux détenteurs de capitaux du monde entier qu'il a les reins solides, BP est d'ailleurs allé bien au-delà des prétendues injonctions d'Obama : il a annoncé qu'il allait débloquer plus du double des fonds demandés, soit 50 milliards de dollars.
Même si ce n'est pas rien, cette multinationale peut largement se permettre une telle dépense, quand on sait que son chiffre d'affaires annuel est cinq fois plus important.
Pour donner une idée de ce que cela représente comme puissance, on peut rappeler que les 220 milliards d'euros de son chiffre d'affaires équivalent... au produit intérieur brut de la Pologne, classée vingt-quatrième puissance mondiale.
Quant à la Louisiane, dont les côtes, la flore, la faune, et les pêcheurs sont sinistrés du fait de BP, quels moyens a-t-elle de se faire entendre, quand son budget est non seulement deux fois moindre que les revenus de son pollueur, mais alimenté pour un quart... par les subventions de ce même BP ? Et nul doute que BP s'y retrouve amplement puisqu'il exploite 40 % des réserves américaines de pétrole dans le golfe du Mexique (et en Alaska) !
Ajoutons à cela que BP, qui était déjà un des premiers employeurs de la région, a encore renforcé son poids en ce domaine. Depuis que sa marée noire empêche de travailler les marins pêcheurs de Louisiane, il emploie toute une partie de ceux-ci pour éponger ses propres dégâts !
Alors, ce ne sont pas les rodomontades même du dirigeant du plus puissant État de la planète qui peuvent vraiment inquiéter des géants du capitalisme mondial comme BP.