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Leur société
Prix du lait : Les producteurs réclament de quoi vivre de leur travail
L'ouverture de négociations entre les fabricants industriels de produits laitiers et les syndicats de producteurs de lait a mis fin, sans doute provisoirement, aux manifestations diverses, notamment les appels au boycott de produits vendus en grande surface, organisées par les producteurs de lait aux quatre coins du pays.
Les syndicats réclament une augmentation d'au moins 10% des prix du lait, que de nombreux producteurs estiment insuffisante pour vivre de leur travail. Ils sont également méfiants, rappelant que le précédent accord signé le 3 juin 2009 n'avait déjà pas été respecté par les multinationales du secteur laitier, tels Lactalis, Danone et Sodiaal, ou encore Bel, Bongrain et Laita.
Les industriels refusent de payer plus cher aux agriculteurs leur lait, alors que l'ensemble des dépenses de ces derniers, gazole, produits sanitaires, machines, ne cesse de grimper. Il est vrai que les agriculteurs bénéficient toujours de subventions publiques. Mais c'est une façon déguisée de maintenir supportable le prix trop bas auquel on leur achète leur lait, et donc d'aider au maintien de prix favorables aux industriels.
Les industriels d'ailleurs ne manquent pas d'air. Ils invoquent qu'un prix trop élevé mettrait en péril les petites laiteries françaises, concurrencées par les laiteries allemandes qui bénéficient là-bas d'un lait entre 35 et 10 euros la tonne moins cher. Mais, outre que c'est eux-mêmes qui ne cessent de faire disparaître ces petites laiteries et de les racheter à bas prix, c'est tenter de faire oublier bien vite que l'an dernier, partout en Europe et notamment en Allemagne, c'était tous les producteurs de lait qui s'étaient soulevés pour protester contre la politique d'étranglement menée par ces mêmes industriels.
Les multinationales qui ont accepté d'augmenter de 10 % le prix du lait y ont mis une condition : une négociation à plus long terme sur le prix du lait, visant à supprimer l'écart avec le prix en Allemagne. Comme si ces groupes n'avaient pas les moyens de payer un prix correct aux producteurs de lait et rogner un peu de leurs bénéfices !
Lactalis, troisième groupe laitier mondial, appartient à la famille Besnier, dont le plus riche héritier était 16e fortune française en 2009. Bongrain permet à son propriétaire du même nom de se classer au 62e rang des fortunes françaises. Quant à Danone, géant mondial de l'agroalimentaire, il a généré 9 milliards de chiffre d'affaires pour le seul pôle produits laitiers du groupe et généré un bénéfice de 1,3 milliard d'euros la même année.