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- Lutte ouvrière n°2201
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Fillon, le bouclier fiscal et l'ISF : Il veut réformer la fiscalité, en faveur des riches
Interrogé dans l'émission « Capital », le Premier ministre François Fillon a déclaré que la suppression du bouclier fiscal avant la présidentielle de 2012 n'était pas « un sujet tabou ». Il est vrai que le bouclier fiscal, créé en 2006 par Dominique de Villepin et élargi en 2007 par Sarkozy, est de plus en plus considéré comme un dispositif particulièrement injuste, visant clairement à favoriser les plus riches en limitant leur imposition globale à 50 % de l'ensemble de leurs revenus déclarés. Au point qu'un certain nombre de parlementaires appartenant à la majorité, surtout préoccupés par l'impact négatif de ce bouclier sur le plan électoral, se disent prêts à le supprimer.
Cela dit, Fillon a assorti sa réflexion sur le bouclier fiscal d'une nécessité de réformer l'ensemble de la fiscalité, en particulier de supprimer conjointement l'impôt sur la fortune (ISF).
Un rêve, pour la fraction la plus aisée de la population qui ne cesse de critiquer cette taxation frappant - un tout petit peu - son patrimoine, essentiellement ses biens immobiliers. Supprimer le bouclier représenterait une économie de 679 millions d'euros pour les caisses de l'État, en revanche supprimer l'ISF reviendrait à alléger l'imposition des plus riches de 3,4 milliards. L'État perdrait ainsi environ 2,7 milliards de recettes fiscales au bénéfice des privilégiés.
Pour faire semblant d'atténuer le caractère scandaleux de cette proposition, surtout au moment où le gouvernement met en avant la dette de l'État pour justifier des réductions budgétaires et de nouvelles ponctions sur l'ensemble de la population, certains parlementaires, comme l'UMP Mariani et le centriste Jean Arthuis, suggèrent de relever conjointement la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu de 40 à 45 %. Selon le Syndicat national unifié des impôts (SNUI - Sud Solidaires), une telle mesure ne devrait rapporter qu'entre 700 millions d'euros et un milliard à l'État. On serait donc encore loin d'un rééquilibrage des comptes !
Certes, pour l'instant il ne s'agit que de propositions des uns ou des autres. Mais elles indiquent clairement que le souci de tous ces gens-là est d'alléger toujours plus la contribution des privilégiés au budget de l'État, même si cette part est infime. Car, faut-il le rappeler, les plus importantes recettes de l'État ne proviennent ni de l'ISF (3,4 milliards), ni de l'impôt sur les sociétés (35 milliards), ni de l'impôt sur le revenu (49 milliards), mais de la TVA, qui lui rapporte 126 milliards par an. Or cette taxe pèse proportionnellement bien plus lourdement sur les couches populaires, y compris sur ceux qui sont non imposables, puisque s'appliquant sur des dépenses incontournables comme la nourriture, l'eau, la consommation de gaz et d'électricité, ainsi que sur le logement.
Alors, réformer la fiscalité, oui, mais pour taxer plus lourdement les riches, pas pour les épargner !