Dames de la haute : Niches fiscales... sous les sabots des chevaux03/11/20102010Journal/medias/journalnumero/images/2010/11/une-2205.gif.445x577_q85_box-0%2C7%2C174%2C233_crop_detail.png

Leur société

Dames de la haute : Niches fiscales... sous les sabots des chevaux

On l'a appris par un certain nombre de médias, l'épouse d'Éric Woerth, Florence, a créé en 2008 une écurie hippique. Être l'épouse du maire de Chantilly donne en effet des idées quand on côtoie à la fois le monde des courses et celui des affaires.

L'écurie s'appelle Dam's parce que cinq femmes ont participé à cette création. Outre l'épouse du ministre, on y retrouve Nathalie Bélinguier, épouse de l'ex-PDG du PMU, Réjane Lacoste, épouse du président du fabricant de polos, Dominique Ades-Hazan, à la tête avec son mari d'un groupe de prêt-à-porter haut-de-gamme, et Nicole Seroul, femme de Jean-Claude Seroul, président d'honneur du Syndicat des propriétaires de chevaux de courses au galop.

Depuis, d'autres dames les ont rejointes : Caroline Guerrand-Hermès, héritière du groupe Hermès (Florence Woerth appartient à son conseil de surveillance) ; Agnès Touraine (ex-dirigeante de Lagardère, Havas et Vivendi Universal) ; Emmanuelle Bour-Poitrinal (première directrice générale des Haras nationaux et sour du PDG d'un grand groupe d'immobilier commercial) et Françoise Boulain (réalisatrice de télévision et épouse du journaliste Thierry Roland) ; Marie-Caroline Giral, fille d'un patron du BTP, et Françoise Kron, épouse du PDG d'Alstom.

Chez Dam's, chaque nouvelle venue achète des parts de l'écurie, à 7 500 euros pièce. L'écurie réunissait cet été 48 parts, soit un capital de 360 000 euros, avec une trentaine d'actionnaires.

Évidemment cet engouement pour l'avancement de la race chevaline a une raison très pratique. Florence Woerth, en bonne gestionnaire de fortune, a créé l'écurie Dam's quelques mois après la promulgation de la loi TEPA (travail, emploi et pouvoir d'achat). Elle avait été présentée à l'époque par Sarkozy comme un soutien à « la France qui se lève tôt le matin ». Et la ministre de l'Économie Christine Lagarde avait fait l'éloge des PME censées créer des emplois.

En guise de stimulation, les créateurs de PME qui étaient aussi des contribuables assujettis à l'ISF obtenaient la possibilité de déduire de l'impôt sur la fortune 75 % de leurs investissements directs dans des PME, à concurrence de 50 000 euros. Il s'était bien trouvé quelques députés de l'UMP pour proposer de limiter les dérives possibles avec cette nouvelle niche mais, coïncidence, le ministre du Budget d'alors, justement Éric Woerth, s'était opposé aux députés de son propre camp.

En pratique, l'écurie Dam's a été assimilée à une... PME afin de bénéficier de la ristourne sur l'ISF. Et certaines banques comme la Banque privée 1818, filiale du groupe Banque Populaire Caisse d'Épargne (BPCE), proposent aussi cette astuce à certains de leurs clients fortunés : « Des écuries de groupe, gérées comme des petites entreprises, permettent de rentrer dans le monde des courses hippiques tout en réalisant une bonne opération financière », souligne la Banque 1818, ajoutant : « Avec des champs aussi prestigieux dans le monde entier que Chantilly, première ville du cheval en France, ou Longchamp, il n'y a pas plus ludique pour voir courir son capital ! »

Que Florence Woerth ait également travaillé pour la Banque 1818 est une autre pure coïncidence.

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