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Grèce - Élections locales : La politique d'austérité ne fait pas recette
Aux élections régionales et municipales grecques des 7 et 14 novembre, les candidats soutenus par le Pasok, le Parti Socialiste au pouvoir, ont remporté huit des treize régions et, parmi de nombreuses municipalités, les deux plus grandes villes du pays, Athènes et Thessalonique, jusque-là dirigées par le parti de droite Nouvelle Démocratie. Le gouvernement de Papandréou y a vu une approbation de sa politique et « un mandat de trois ans pour continuer de faire changer la Grèce ». La réalité est bien différente.
Le plus notable dans ces élections est l'importance de l'abstention, dans un pays où le vote est théoriquement obligatoire. Elle s'élève à près de 55 % au niveau national et il faut ajouter un nombre important de bulletins blancs ou nuls. Encore ce score est-il largement dépassé dans certaines villes ou régions. Ainsi à Athènes, qui passe pour la première fois depuis vingt-quatre ans aux mains de la gauche, l'abstention a dépassé 66 % et les bulletins blancs ou nuls 11 %. À Thessalonique, les taux respectifs ont été de 54 % et de 10,5 %. Le Pirée, qui lui est passé de la gauche à la droite, a vu son taux d'abstention dépasser 65 %. Ce sont des chiffres jamais vus en Grèce, même à des élections qui intéressent généralement moins les électeurs comme les européennes : en 2009 l'abstention y avait été de 47 %.
En ce qui concerne les élections locales, il est difficile de faire une comparaison avec les précédentes, où on enregistrait un taux de 27 ou 28 % d'abstention. En effet la réforme des collectivités locales, faite au nom de l'efficacité mais surtout des économies, a modifié le paysage : les régions ont été redécoupées, le nombre des municipalités est passé de plus de 1 000 à 325. Le résultat en a été la division par deux du nombre d'élus régionaux et municipaux et la concentration des services publics, au détriment des employés, souvent des précaires renvoyés au chômage, et des usagers, obligés de se déplacer pour toutes sortes de formalités.
Les chiffres du premier tour montraient pour le Pasok une perte d'un million de voix par rapport aux législatives de 2009 et pour la droite, un recul de 500 000 voix. Le Parti Communiste (KKE) revendique un gain de 75 000 voix et 11 % des suffrages, contre 7,54 % aux législatives.
De toute évidence, les électeurs grecs ont voulu marquer, non leur soutien, mais leur refus d'une politique d'austérité qui les accable. Dans un sondage réalisé début octobre pour le journal Kathimerini, 59 % des personnes interrogées sur ce que pouvait être le meilleur gouvernement pour le pays renvoyaient dos à dos le Pasok et la Nouvelle Démocratie.
La situation est en effet de plus en plus catastrophique. Le chômage a encore augmenté en août, malgré les emplois de la saison touristique. Selon les statistiques officielles, il a dépassé les 12 %. Plus de 30 % des jeunes de 15 à 24 ans et 16,4 % des 25-34 ans sont sans emploi, soit 5 à 6 points de plus qu'il y a un an. En un an également, les prix ont augmenté de plus de 5 %, dont des postes aussi incompressibles que celui de l'habitat (+ 7 %) ou les transports (+ 17 %). Derrière les chiffres, il faut voir la vie quotidienne où on rogne sur tout, y compris la nourriture, où même un fonctionnaire qui a encore un emploi voit son salaire, sans primes, amputé de 20 %, où des retraités ne peuvent vivre avec 500 à 600 euros, où il est de plus en plus difficile de se soigner, la caisse d'assurance du secteur public ayant décidé tout récemment de ne plus prendre en charge 270 examens médicaux.
Le lendemain des élections, les experts du FMI et des institutions européennes sont arrivés à Athènes pour examiner les comptes du plan de consolidation budgétaire, avant le versement de la troisième tranche du prêt de 9 milliards d'euros, prévu pour décembre.
L'arrivée de la Troïka a été accueillie par des rassemblements à Athènes et à Thessalonique, et le syndicat du secteur privé (GSEE) a prévu une grève générale de 24 heures le mercredi 15 décembre, pour protester contre les mesures d'austérité déjà prévues, comme la restructuration des chemins de fer, et contre toute nouvelle attaque. Malgré les dénégations du gouvernement, qui avant les élections a promis de ne pas toucher davantage aux salaires ni aux emplois, tout est à craindre. Et la réponse ne se trouve pas dans les urnes.