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- Lutte ouvrière n°2209
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Côte d'ivoire : Dans l'attente des résultats de la présidentielle, le poison de l'ethnisme, du régionalisme et de la xénophobie
Les résultats de l'élection présidentielle de Côte d'Ivoire ne sont pas encore connus. Mais les deux candidats en lice, le président sortant Laurent Gbagbo, et son ex-Premier ministre Alassane Ouattara, ont d'ores et déjà annoncé que chacun contesterait les résultats obtenus dans les régions contrôlées par l'autre.
Nos camarades de l'UATCI - Union Africaine des Travailleurs Communistes Internationalistes - dans leur journal Le Pouvoir aux Travailleurs, décrivaient ainsi le climat en Côte d'Ivoire, à l'approche de ce deuxième tour de la présidentielle.
Dans leur soif de s'accrocher ou de parvenir au pouvoir, aucun des deux camps n'hésitera à utiliser et à exacerber le sentiment d'appartenance ou d'affinité ethnique.
À l'approche du deuxième tour, les partisans de Gbagbo ont déjà commencé à propager leur rengaine anti-Diaoula dans l'espoir d'attirer des électeurs de Bédié [candidat éliminé après le 1er tour] sensibles à ce thème. Les dirigeants du FPI [le parti gouvernemental] se relaient, de conférence en interview, de meetings en débats pour sous-entendre que Ouattara serait un « étranger », qu'il serait un « candidat par effraction ». Leurs discours puent la xénophobie et risquent de mettre le feu aux poudres. Il n'en faut pas beaucoup pour qu'au niveau des sympathisants du FPI, les machettes deviennent le prolongement naturel du verbe. On entend déjà dans leur rang des paroles du genre : « Nous ne laisserons jamais notre pays dans les mains des étrangers ».
Le principal journal de la place, Fraternité Matin, qui avait pourtant été hier encore le principal vecteur de la propagande de « l'ivoirité » chère à Bédié, puis reprise à son compte par Gbagbo, se dit aujourd'hui « effrayé » par le danger que représente la résurgence de « la bombe tribale ». Mais cette « bombe », ce sont eux, plus précisément les politiciens qui sont derrière eux qui l'ont fabriquée. Ce sont ces mêmes dirigeants politiques qui dans leur rivalité ont divisé le pays, qui l'ont coupé en deux, sans que la majorité pauvre y ait gagné autre chose qu'un peu plus de misère et un peu plus de souffrance.
Les travailleurs n'ont aucun intérêt à prendre à leur compte cette opposition ethnique ou régionaliste. Ce clivage n'est pas le leur.