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- Lutte ouvrière n°2210
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Leur société
L'exemple de l'Isère : Pour le déneigement, c'est la fonte des effectifs
En matière de routes, la politique menée par les départements ne diffère pas de celle de l'État. Les transferts de compétences pèsent de plus en plus lourdement sur les budgets des départements, qui doivent faire face aux conséquences de la crise. Mais les économies envisagées vont toujours dans le sens d'une réduction des emplois et des moyens du service public, avec au passage quelques cadeaux aux entreprises privées par le biais de la sous-traitance.
En Isère, le Conseil général présidé par le député socialiste André Vallini a récupéré la gestion des routes nationales et d'environ 400 agents de l'ex-DDE, au 1er janvier 2007. Un an après le transfert, la direction du CG38 annonçait la suppression de 90 postes à l'entretien des routes. Toutes les tâches et les possibilités de les confier à des entreprises privées étaient recensées.
La sous-traitance, déjà mise en oeuvre par l'État, s'est accrue. Entre autres, plusieurs circuits de déneigement, les plus faciles donc les plus rentables, sont assurés par des entreprises qui n'hésitent pas à majorer leurs tarifs, pour un service rendu plutôt mal que bien. Cet hiver des entreprises, faute d'équipements ou d'ouvriers formés, n'ont pu assurer le déneigement. Les agents du Conseil général ont dû pallier cette défaillance au détriment de leur propre travail.
Mais le plus significatif dans la dégradation des conditions de déneigement est la baisse du nombre d'agents titulaires et de vacataires embauchés habituellement pour la période hivernale, baisse accompagnée d'une réduction de 25 % du nombre d'engins. Par exemple, rien que sur le territoire autour de l'agglomération grenobloise, on est passé cette année de 29 à 22 agents, de 16 à 9 vacataires et de 16 à 12 engins. Résultat : des parcours rallongés, donc des rotations moins fréquentes et des agents épuisés. Et pour les usagers, des routes de plus en plus mal déneigées, des bouchons interminables et l'obligation de prendre un congé faute de routes praticables. Quant aux pouvoirs publics, ils ont pris l'habitude, en cas de neige, de pondre des arrêtés pour interdire la circulation des camions ou des transports publics et scolaires.
Par ailleurs, dans plusieurs départements, les Conseils généraux ont décidé de passer la conduite des engins de deux agents à un seul à bord, sous prétexte de modernisation des équipements. En Isère, la mesure devait être effective pour cet hiver mais, pour l'instant, elle se heurte au refus des agents et d'une partie de l'encadrement. Mais les pressions sont grandes et une équipe a dû exercer son droit de retrait pour des raisons de sécurité évidentes. En effet, comment conduire seul un engin, avec peu de visibilité de nuit comme de jour, tout en manipulant des manettes pour les lames, pour déclencher le salage... et répondre aussi à la radio ? De plus, il est fréquent que les agents descendent du camion pour aider les automobilistes bloqués au milieu de la route ou enlever des branches cassées. Alors, à deux, on n'est pas de trop !