Jordanie : Manifestations contre la vie chère19/01/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/01/une-2216.gif.445x577_q85_box-0%2C8%2C173%2C232_crop_detail.png

Dans le monde

Jordanie : Manifestations contre la vie chère

En Jordanie, le 14 janvier, la population est descendue dans les rues de la capitale, Amman, et dans plusieurs autres villes. À l'appel de syndicats, de partis de gauche et des Frères musulmans, ce sont au total des milliers de manifestants, 8 000 selon les organisateurs, qui ont manifesté aux cris de « La Jordanie n'est pas seulement pour les riches. Le pain est une ligne rouge. Méfiez-vous de notre faim et de notre fureur » et aussi « De la Tunisie à l'Algérie, ce sont les mêmes combats ».

Portant des pancartes représentant un morceau de pain ou le dessin d'un homme pendu à la courbe des prix, les manifestants protestaient contre la hausse des taxes et une inflation qui a atteint le taux record de 6 % en un an.

Quelques jours auparavant, le gouvernement, pour tenter de calmer la population, avait décidé le gel des prix des transports, des carburants et des denrées de base comme le riz et le sucre, dans les coopératives de l'armée qui sont aussi ouvertes aux civils. Il avait aussi annoncé l'embauche de 12 000 personnes dans la fonction publique. Cela n'a pas démobilisé les manifestants, qui ont réclamé la démission du Premier ministre.

Monarchie parlementaire, officiellement « démocratique », le régime jordanien est en réalité un pouvoir autoritaire, dévoué, de plus, à ses créanciers, les États-Unis, qui comptent sur lui pour garantir la stabilité de cette zone stratégique entre Israël et les pays arabes. Il règne sur un pays d'un peu plus de six millions d'habitants, constitué essentiellement de déserts, pauvre en cultures, mais riche en phosphates et en potasse.

Endetté depuis des années, sous la houlette du Fonds monétaire international, l'État a imposé des mesures d'austérité - hausse des taxes, fin des subventions aux produits de base-- qui ont déjà déclenché des émeutes dans les années 1990. La crise, l'augmentation du prix du pétrole, qui doit être importé, la récente spéculation sur les prix des denrées alimentaires au niveau mondial, tout a contribué à creuser le déficit de l'État, qui l'a fait payer aux classes populaires. Aujourd'hui, 25 % des Jordaniens vivent sous le seuil de pauvreté, on estime le taux de chômage entre 20 % et 30 % de la population active.

Depuis quelques années, le régime a dû tolérer l'expression, limitée, d'une certaine opposition, et même des manifestations. Le roi Abdallah, qui a succédé au roi Hussein, tente d'entretenir une image plus libérale. De plus, le pouvoir est sans doute rendu prudent par les récents événements de Tunisie et c'est pourquoi il a choisi de lâcher du lest, ou du moins de l'annoncer. Il reste à savoir si la population jordanienne se contentera de promesses de la part d'un gouvernement qui, comme le criaient les manifestants, leur « mange la laine sur le dos ».

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