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- Lutte ouvrière n°2218
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Leur société
Luc Chatel et la qualité de l'enseignement : Voilà une idée qu'elle est pas bonne
Luc Chatel, ministre de l'Éducation nationale, multiplie les annonces destinées, à l'en croire, à révolutionner le système éducatif : un jour, il promet de lutter contre l'illettrisme. Un autre de « réinventer l'apprentissage de l'anglais », un autre encore de bouleverser les rythmes scolaires. Et le 31 janvier, dernière trouvaille, il a annoncé vouloir « réapprendre aux élèves à compter ».
Cela fait suite à un rapport de l'OCDE qui classe la France au 27e rang sur 65 pour la culture scientifique, et au 22e pour les mathématiques. Le ministre a donc sa solution miracle : les professeurs des écoles vont devoir enseigner les tables de multiplication aux élèves et les inciter à les réciter ! Comme si des générations d'enseignants n'avaient pas eu ce souci constant, celui d'enseigner les « fondamentaux » : lire, écrire et calculer. Ces lapalissades pourraient faire rire, si elles n'étaient assorties d'autres mesures bien plus lourdes de conséquences pour les enfants. Le ministre a l'ambition, dit-il, de développer la culture scientifique au collège en intégrant la science à la technologie : sous prétexte de favoriser la compréhension de la démarche scientifique, de décloisonner les sciences, il n'y aurait plus à l'avenir, si cette mesure était reprise, qu'un seul professeur qui enseignerait les sciences physiques, la chimie, les sciences de la vie et de la terre, et la technologie.
Les enseignants n'ont pas attendu Chatel pour savoir qu'enseigner une démarche scientifique aux enfants nécessite un travail d'équipe et des projets qui montrent que les approches et méthodes en sciences naturelles ou en chimie sont similaires. Ils réclament, pour que cela puisse se faire, des heures de concertation entre les enseignants de ces matières. Mais cela demande des moyens supplémentaires, du personnel, toutes choses que le gouvernement veut économiser, voire supprimer. Ce qui se dessine derrière le projet de Chatel, c'est la possibilité d'économiser deux enseignants sur trois. Tant pis si la qualité de l'enseignement en souffre, ce serait autant de postes de supprimés, autant d'économies réalisées sur le dos des enfants ! Mais si on rentre dans cette logique, qui est déjà à l'oeuvre puisqu'on demande de plus en plus aux enseignants d'être multitâches pourquoi ne pas avoir, au collège comme au lycée un professeur polyvalent, qui enseignerait tout... et finalement rien qui soit approfondi.
Pour ces gens-là, c'est ça le progrès. Eh bien, pas d'accord ! Par contre, remplacer tous ces ministres par un seul, qui fasse tout, c'est-à-dire rien de bon, ce serait déjà une économie !