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Leur société
Strauss-Kahn soigne son personnage... et les financiers
Dominique Strauss-Kahn, en tant que président du Fonds monétaire international, a fait une apparition éclair et très médiatisée à Paris, pour le G20. Il a soigneusement dosé ses interviews pour finir par France 2 où il a, paraît-il, battu les records d'audience.
Il lui fallait à la fois rester dans le flou quant à son éventuelle candidature à l'élection présidentielle, mais rappeler tout de même qu'il est un homme « de gauche », sensible aux malheurs des peuples, même s'il préside un organisme financier qui sauve les banques en serrant la ceinture aux populations.
On a eu droit à quelques petites phrases qui se voulaient compatissantes pour les « six millions de Français qui gagnent moins de 750 euros par mois » et « les classes moyennes qui connaissent de plus en plus un risque de précarité ». On a eu droit à un semblant de regret car, grâce à l'action du FMI, « on a évité l'effondrement, mais on n'a pas évité les souffrances » et à un peu d'indignation contre les bonus « scandaleux » distribués par les banques.
Il s'agissait de présenter le FMI, et par la même occasion son président, sous un habillage social, assurant « un service public mondial », à la façon d'un « docteur », comme il l'avait déjà dit aux Grecs en décembre dernier !
Mais rien qu'en Europe, depuis que le FMI et la Banque européenne ont décidé « d'aider » les États au bord de la faillite, ce sont les travailleurs qui paient la facture. En Roumanie, le plan de « sauvetage » a prévu le licenciement de 70 000 fonctionnaires, une baisse de salaire de 25 % dans la fonction publique et une TVA passée de 19 à 24 %. En Irlande, le premier plan imposait de réduire les allocations chômage, les retraites, le salaire minimum et de supprimer 25 000 emplois. En Grèce, on compte 200 000 chômeurs supplémentaires en un an, des milliers de postes supprimés dans la fonction publique, des impôts indirects qui n'ont cessé d'augmenter, des baisses de salaires, d'allocations, de pensions de retraite, et la privatisation de toute une partie des services publics de l'eau et des transports. Quant au dernier plan gouvernemental, il prévoit encore plus de suppressions de postes dans le public que ce qui était prévu à l'origine, des impôts nouveaux et la réduction des allocations chômage. C'est le prix qu'exige la Troïka (Union européenne, Banque européenne et FMI) pour verser la nouvelle tranche du prêt.
Partout où le FMI et ses acolytes passent, la misère s'accroît, les services publics se détériorent, les travailleurs, les salariés, les retraités mais aussi les petits boutiquiers vivent ou survivent dans des conditions de plus en plus difficiles. Tout cela pour rembourser les banques.
Si le FMI et son président « soignent » quelqu'un, c'est bien les financiers et quand Strauss-Kahn plaide pour « une autre politique économique » pour l'Europe (et pour la France, suivez son regard du côté de Sarkozy...), on ne voit vraiment pas où serait la différence.