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Nucléaire
Tepco : Une vulnérabilité prévisible
De nouvelles informations accablent encore plus la société Tepco, qui exploite la centrale nucléaire de Fukushima, ainsi que d'autres compagnies. Elles mettent aussi en évidence la responsabilité du gouvernement japonais, qui a toujours fermé ses oreilles aux critiques révélant le manque de sécurité, laissant les grandes sociétés de l'énergie libres de leurs choix, même si ceux-ci pouvaient s'avérer dangereux.
En 2007, un sismologue faisant partie d'un comité d'experts chargés de contrôler la sécurité des centrales japonaises suite au séisme de Kobé, avait alerté les autorités sur « la vulnérabilité des centrales aux tremblements de terre » et dénoncé plus précisément Tepco, qui installait ses centrales trop près d'importantes failles sous-marines. Ses avertissements étant ignorés, il avait préféré démissionner. La violence du tremblement de terre, bien supérieure à toutes les prévisions retenues, et ses conséquences sur la centrale de Fukushima lui ont malheureusement donné raison.
D'anciens cadres et ingénieurs de l'industrie nucléaire viennent aussi de dénoncer publiquement les économies sur la sécurité faites par Tepco. Conçue par la firme américaine General Electric, la centrale avait été importée au Japon sans tenir compte « de la géographie particulière du Japon et des menaces qui vont avec », rapporte l'un d'entre eux, car cela en aurait augmenté le coût de construction. Même souci d'économies pour le système de refroidissement, où « plusieurs arrivées d'eau étaient constituées de tuyaux posés en surface, et non enterrés, que la vague a par conséquent aisément arrachés ». Quant aux systèmes de pompage de secours, ils ont été conçus pour « éteindre des incendies mineurs, pas pour apporter de l'eau pour refroidir les réacteurs ».
La liste des manquements à la sécurité s'allonge avec la révélation que, un mois avant le séisme, l'agence de régulation nucléaire, dépendant du ministère de l'Économie, avait signalé des craquelures sur le groupe électrogène de sûreté du réacteur N° 1... tout en autorisant son fonctionnement. Dix jours avant la catastrophe, Tepco reconnaissait n'avoir pas effectué la vérification d'une trentaine de pièces, contrairement aux rapports transmis. Et, selon un ingénieur qui avait contribué à la construction de la centrale en 1971, « il était grand temps de remplacer la centrale. Les tuyaux, la mécanique, l'informatique étaient vétustes, cela n'a fait qu'aggraver le risque. »
En ce moment, des centaines d'hommes mettent leur santé et leur vie en péril pour tenter de limiter la catastrophe causée en partie par le tsunami, mais surtout par le fait que, pour augmenter ses profits, Tepco a refusé de tenir compte des avertissements et de mettre en oeuvre toutes les technologies connues capables de contenir les risques.