- Accueil
- Lutte ouvrière n°2227
- Pour les immigrants tunisiens : Les barbelés de l'Europe
Dans le monde
Pour les immigrants tunisiens : Les barbelés de l'Europe
Lundi 4 avril, Berlusconi n'a pas obtenu de son homologue, le Premier ministre tunisien Begi Caid Essebsi, l'accord espéré pour que le gouvernement italien puisse opérer le rapatriement en masse des émigrants tunisiens qui arrivent depuis deux mois à Lampedusa, cette île italienne proche des côtes tunisiennes. L'actuel pouvoir tunisien n'aura donc pas été aussi compréhensif que le fut Kadhafi qui, lui, avait accepté de régler le problème. Il se chargeait de la sale besogne en enfermant les candidats à l'émigration dans des camps de détention dans le désert, où ils subissaient de mauvais traitements, quand ils ne mouraient pas de faim et de soif. Ceux-là certes n'atteignaient pas le territoire italien !
Le gouvernement tunisien ayant refusé sèchement le rapatriement de masse, Maroni, le ministre italien de l'Intérieur, membre du parti xénophobe de la Ligue du Nord, devait se déplacer en Tunisie mardi 5 avril, pour tenter d'obtenir au moins du pouvoir tunisien sa collaboration pour bloquer les nouveaux départs à partir de ses côtes, offrant pour ce faire une enveloppe d'aides pour la surveillance des ports et le soutien à la réinsertion des rapatriés. Umberto Bossi, le dirigeant de la Ligue du Nord, qui mène campagne contre la présence des immigrés sur le sol italien, a donné de la voix, proximité d'élections oblige, en défendant le rapatriement forcé des migrants et un blocus naval pour intercepter les embarcations.
Berlusconi s'est défendu auprès des autorités tunisiennes en osant prétendre que son gouvernement avait « aidé » 12 000 immigrants en leur offrant des tentes, en leur fournissant quotidiennement de la nourriture et des soins médicaux. La réalité est bien différente. Le gouvernement italien a laissé croupir les 5 000 migrants qui se trouvaient en permanence sur l'île de Lampedusa dans des conditions précaires et indignes. Puis, devant le mécontentement de la population de l'île, des bateaux les ont déplacés dans des camps de rétention mis en place à la va-vite dans le sud de l'Italie et en Sicile, des camps d'où les immigrants tentent de s'échapper dès qu'ils le peuvent, souvent pour tenter de gagner la France, où ils ne sont pas mieux reçus. Ils se voient refouler par la police française.
Ces hommes, des femmes et leurs enfants continuent à risquer leur vie sur des embarcations précaires pour fuir la misère, le chômage, des salaires qui ne permettent même pas de manger à sa faim, quand salaires il y a, ou bien pour fuir la guerre pour tous ceux qui sont en provenance de Libye, en majorité Erythréens et Somaliens. Soixante-huit migrants ont ainsi trouvé la mort récemment dans un naufrage durant la traversée.
Pour les gouvernements prétendument « démocratiques » des pays européens, il n'est pas question de recevoir et de laisser circuler librement quelques dizaines de milliers de migrants qui, après avoir risqué leur vie, ne trouvent à leur arrivée que des barbelés et des camps de rétention.