ArcelorMittal -- Florange (Moselle) : Hauts-fourneaux mis en sommeil... Imposer le partage du travail entre tous !12/10/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/10/une2254.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ArcelorMittal -- Florange (Moselle) : Hauts-fourneaux mis en sommeil... Imposer le partage du travail entre tous !

Mardi 11 octobre, la manifestation intersyndicale de la journée d'action des syndicats de Moselle se déroulait à Florange et a rassemblé 1 500 travailleurs de tout le département. Dix jours avant, 1 500 personnes avaient manifesté à Hayange à l'appel des élus et des syndicats pour faire une journée ville morte, juste avant la mise en sommeil lundi 3 octobre du P6, un des deux derniers hauts-fourneaux de Lorraine, l'autre étant déjà arrêté depuis juin.

L'inquiétude est grande dans les usines, mais aussi dans la population, sur l'avenir de ce qui reste de la sidérurgie en Lorraine, qui emploie encore plusieurs milliers de travailleurs, dont plus de 3 000 sur le site de Florange. Cette mise en sommeil est présentée comme temporaire, mais rien ne dit qu'ArcelorMittal redémarrera ses hauts-fourneaux, d'autant que l'arrêt met à mal les installations.

Dans l'immédiat, 1 500 travailleurs vont être touchés par le chômage partiel, indemnisé par l'État, mais 400 intérimaires ont perdu ou vont perdre leur emploi et autant de travailleurs de la sous-traitance seront touchés.

Un comble : sur le site de Florange, où travaillent environ 200 salariés venant de Gandrange suite à la fermeture de l'aciérie, la direction propose maintenant à certains d'entre eux de faire le chemin inverse et de revenir temporairement à Gandrange sur le laminoir toujours en activité !

D'autres hauts-fourneaux sont mis en sommeil en Europe, en particulier à Liège et en Allemagne à Eisenhüttenstadt. De même, au Luxembourg tout proche, ArcelorMittal, après avoir supprimé 262 postes dans les usines de Rodange et Schifflange, a décidé la mise en sommeil des installations, avec des menaces sur 450 emplois supplémentaires.

Tout cela n'est en rien dû à la crise ou même à une chute des commandes mais à ce que, comme le dit sans complexes la direction d'ArcelorMittal, « Nous avons décidé de concentrer la production sur d'autres sites qui présentent de meilleurs coûts ».

Lakshmi Mittal, principal actionnaire et PDG du groupe, a précisé récemment qu'il voulait mettre en oeuvre un « plan d'optimisation des actifs d'un milliard de dollars » d'ici fin 2012 en concentrant « la production sur les usines à bas coût ».

Concrètement, la direction fait tourner à plein régime les hauts-fourneaux de Fos et de Dunkerque et y impose des heures supplémentaires, pendant qu'elle réduit au chômage partiel ou total des centaines de travailleurs à Florange et ailleurs.

ArcelorMittal prétend que la fonte produite à Florange lui coûte 40 euros de plus la tonne. Mais où est le problème, pour un groupe qui a réalisé 2,6 milliards de dollars de bénéfices au premier trimestre de cette année et qui en prévoit autant pour les trimestres à venir ?

ArcelorMittal en veut toujours plus pour les actionnaires et les opérations spéculatives. Pour profiter de l'envolée du prix des matières premières, il est en train de racheter, avec un groupe américain Peabody, un gros producteur de charbon australien, Mac Arthur Coal, pour la bagatelle de 5 milliards de dollars.

Alors, on ne peut se contenter d'espérer que de nouvelles aides, réclamées par la gauche et la droite sous prétexte de produire de l'acier avec moitié moins de rejets de CO2 dans l'atmosphère, viennent sauver les installations de Florange. C'est bien la seule chose qu'a promise Hollande, lors de sa venue dans le cadre des primaires socialistes : intervenir auprès de l'Union européenne pour apporter de nouvelles aides.

Voilà quarante ans que les patrons de la sidérurgie sont gavés de subventions publiques sous un prétexte ou un autre, mais toujours en massacrant l'emploi.

L'espoir n'est pas non plus, comme le disait Ségolène Royal en visite à Gandrange fin septembre, de « tenir jusqu'en mai 2012 », à moins d'avoir la mémoire courte. Comment oublier les plans Acier des gouvernements de gauche successifs ou le sort de l'usine Renault de Vilvorde, que Jospin s'était engagé à maintenir avant son élection en 1997 et qui a été fermée juste après ?

Il ne s'agit pas d'attendre les élections, mais de se préparer à imposer par la lutte le partage du travail entre tous sans baisse de salaire, c'est-à-dire le maintien en activité de tous les sites, quitte à ce qu'ArcelorMittal réduise ses prétentions à des bénéfices faramineux.

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