Nouvel accident d'ascenseur à Paris : La rentabilité ou la vie ?30/11/20112011Journal/medias/journalnumero/images/2011/12/une2261.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nouvel accident d'ascenseur à Paris : La rentabilité ou la vie ?

Quatre semaines après la chute d'un ascenseur d'une hauteur de six étages, dans un immeuble HLM du 11e arrondissement de Paris, à la suite de laquelle une femme et deux enfants avaient été grièvement blessés, un nouvel accident s'est produit, le 24 novembre, dans un foyer de l'Armée du salut du même arrondissement.

Les victimes cette fois sont les quatre ouvriers qui faisaient l'entretien de l'appareil. L'un d'eux est mort, les autres sont gravement touchés, après être restés coincés sous l'appareil qui se serait décroché.

L'Association des responsables de copropriétés admet du bout des lèvres un « possible défaut de maintenance ». Les patrons de la Fédération des ascenseurs, où le ton est donné par les quatre mastodontes du secteur, Koné, Otis, Schindler et ThyssenKrupp, l'accusent à son tour de « jeter l'opprobre ». Quant aux experts, ils dénoncent le fait que 15 à 20 % des 520 000 ascenseurs recensés en France n'ont pas été mis en sécurité après contrôle, un contrôle technique quinquennal étant demandé par la loi SAE (Sécurité des appareils existants), datant de 2003. Mais ils estiment également que la moitié du parc n'a pas été soumise à ce contrôle légal. La responsabilité des propriétaires et des bailleurs est donc lourde.

Mais, comme l'ont dénoncé les techniciens ascensoristes qui se sont rassemblés en manifestation le 28 novembre au pied de l'immeuble où a eu lieu l'accident, les entreprises responsables de l'entretien imposent à leurs salariés des plannings d'intervention trop chargés et ne leur fournissent qu'une formation insuffisante pour connaître à fond les différents types d'appareils. « N'écoutez pas les patrons qui vous disent de travailler toujours plus vite », s'indignait un militant de la CGT Ascenseurs.

C'est en effet ce que vivent quotidiennement les quelque dix mille travailleurs de maintenance : dix minutes, voire cinq, pour effectuer un contrôle, le moins de temps possible pour une réparation. C'est cette logique de rentabilité qui permet aux grands groupes de maintenir des profits substantiels, tout en faisant pression sur les sous-traitants, qui eux-mêmes imposent un rythme de travail infernal -- qui s'avère dangereux -- aux techniciens.

Des débrayages dans l'année, chez Schindler ou chez Koné, des témoignages de techniciens, dénoncent le nombre croissant de machines imposé à chacun d'entre eux. En quinze ans, les salariés ascensoristes doivent assurer la maintenance de 50 % d'ascenseurs supplémentaires, dans un parc datant pour la moitié de plus de vingt-cinq ans, et même plus de quarante ans pour un quart d'entre eux.

Assurer 100 millions d'utilisations chaque jour avec pour objectif numéro un la rentabilité capitaliste, c'est une contradiction qui conduit parfois au drame.

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