Le rapport de forces avec le patronat dépend de nos luttes, pas des urnes26/04/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/04/une2282.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Le rapport de forces avec le patronat dépend de nos luttes, pas des urnes

Hollande et Sarkozy restent seuls en lice pour le deuxième tour, avec Hollande donné gagnant.

« Étendre le rassemblement à tous les républicains qui ne veulent plus de Nicolas Sarkozy », affirme l'état-major de Hollande, en visant l'électorat centriste. L'opération de séduction est facilitée par Mélenchon qui insiste, de son côté, sur le fait qu'il ne demandera « rien en échange » pour son soutien à Hollande. Histoire de rassurer l'électorat centriste sur le fait qu'il ne fallait pas prendre au sérieux ses envolées contre la finance ou la demande d'augmentation des salaires et d'un smic à 1 700 euros. Non, Mélenchon ne demande rien à Hollande, pas plus que le PCF qui est derrière lui !

Si Hollande est élu, nombre de travailleurs ressentiront un soulagement de voir Sarkozy débarrasser le plancher.

Mais les plans de licenciements reprendront de plus belle, le patronat et les banquiers redoubleront d'efforts pour prélever sur les exploités les profits que le marché n'est plus capable de leur donner. Et Hollande, pas plus que Sarkozy, ne protégera les travailleurs contre l'offensive patronale. Les marchés financiers invoqueront la dette pour exiger des mesures d'austérité supplémentaires.

Le résultat de Marine Le Pen indique un renforcement de l'extrême droite dans l'opinion publique. C'est une menace pour les travailleurs. À commencer parce qu'elle véhicule des idées réactionnaires, aux antipodes des intérêts politiques du monde du travail. Car Marine Le Pen prêche, comme Sarkozy, comme les autres, mais avec plus de virulence, qu'il faut se serrer les coudes « entre Français », en mettant dans le même sac les travailleurs et les milliardaires, les exploités et leurs exploiteurs.

La seule perspective pour les travailleurs est, au contraire, d'opposer aux patrons capitalistes de toutes nationalités les travailleurs de toutes origines, sur la base de leurs revendications de classe. Se laisser diviser en fonction de ses origines serait un piège mortel pour le monde du travail.

Le renforcement de l'extrême droite est un renforcement du camp patronal. Aujourd'hui, sur le plan des seules idées. Mais qui oserait parier que cela ne se traduira pas, tôt ou tard, par des agressions contre des travailleurs pas d'accord ?

L'élection de Hollande ne protégera en rien les travailleurs contre cette menace. Car, plus sera grand le mécontentement provoqué par les mesures d'austérité que Hollande sera amené à prendre sous la pression des milieux financiers, plus cela renforcera l'extrême droite.

Seul le renforcement des forces qui se situent sur le terrain des intérêts politiques de la classe ouvrière peut constituer un contrepoids au renforcement de l'extrême droite et l'empêcher de s'arroger le monopole de l'opposition à Hollande.

Pour ce qui concerne notre candidate Nathalie Arthaud, les 200 000 votes qu'elle a obtenus pèsent bien peu dans les urnes. Mais, lors des luttes futures, ceux qui auront voté pour elle seront des relais irremplaçables. Car, en votant pour Nathalie Arthaud, ils se sont prononcés pour que l'interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire ainsi que l'augmentation des salaires et des retraites et leur indexation sur les hausses de prix, soient mises en tête des revendications des futures luttes ouvrières. Ils ont affirmé leur conviction qu'il ne faut pas laisser à la classe capitaliste la direction sans contrôle des entreprises et des banques, parce que l'usage qu'elle fait de son pouvoir dictatorial va à l'encontre des intérêts de la société. Ils ont contribué à montrer que le courant communiste est toujours présent.

Pour le second tour, Lutte Ouvrière ne donne pas de consigne de vote.

Aucun travailleur conscient ne peut évidemment voter pour Nicolas Sarkozy. Certains de nos électeurs, confrontés au choix pipé entre un ennemi ouvert des travailleurs et un faux ami, s'abstiendront ou voteront blanc.

D'autres, pour se débarrasser de Sarkozy, voteront pour François Hollande.

Quel qu'ait été leur choix personnel, nous appelons les travailleurs, les victimes de la crise à se retrouver tous ensemble dans les luttes contre le grand patronat, les banquiers et le gouvernement.

Nous ne pourrons compter sur personne pour nous défendre, ni sur le président de la République, ni sur le gouvernement. Mais nous avons la force de nous défendre nous-mêmes, car c'est nous qui faisons tourner l'économie. Si nous avons une claire conscience de nos intérêts matériels et politiques et si nous sommes décidés à les imposer, notre force est irrésistible !

Éditorial des bulletins d'entreprise du 23 avril

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