ArcelorMittal - Florange (Moselle) : Dialogue social... avec des vigiles musclés09/05/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/05/une2284.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

ArcelorMittal - Florange (Moselle) : Dialogue social... avec des vigiles musclés

Vendredi 4 mai, à Florange, à l'occasion de la tenue d'un comité d'entreprise extraordinaire, les syndicats avaient appelé les sidérurgistes à manifester devant le siège de la direction pour demander des comptes sur la fuite des commandes. Depuis le mois de janvier en effet ce sont 70 000 à 100 000 tonnes d'acier qui ont été détournées des carnets de commandes de l'usine pour rejoindre la production d'autres sites du groupe ArcelorMittal, jugés plus rentables.

Plus de 200 travailleurs avaient répondu à l'appel et étaient rassemblés devant les grilles fermées des Grands bureaux. En arrivant devant la salle de réunion, les manifestants constataient que le directeur était absent. Aussitôt, il fut décidé d'aller le chercher dans son bureau. La tête de la manifestation s'engagea dans l'étroit escalier en colimaçon lorsque, arrivée à la moitié des marches, elle fut repoussée violemment par une douzaine de vigiles privés que la direction emploie depuis le début du conflit. Des vigiles engagés pour leur profil sur mesure et leurs biceps plus gros que les cuisses d'un lamineur lambda, et qui n'inspiraient pas vraiment confiance.

Mais, sans voir le danger, les 200 manifestants qui suivaient ont continué à pousser pour avoir accès aux bureaux directoriaux. Dans la bousculade, la rambarde de l'escalier céda et tous les protagonistes s'empilèrent au pied de l'escalier, sur les pots de fleurs et sur les tables de verre. Un travailleur, qui se trouvait sous les autres, se plaignait de douleurs à la colonne vertébrale et ne pouvait plus bouger. Un autre salarié, qui avait pris un coup de poing en pleine tête, était KO. Un troisième fut frappé au genou. Après l'intervention des sapeurs-pompiers, les blessés ont dû être évacués vers l'hôpital de Thionville.

Après cet accueil musclé, la direction a décidé de recevoir les manifestants, mais pendant plus de trois heures elle a évité soigneusement de donner des réponses claires au feu roulant des questions du personnel. Pendant toute la durée de ce dialogue de sourds, le directeur du site ainsi que son DRH sont restés entourés de leurs vigiles.

En quittant les Grands bureaux, les travailleurs étaient plutôt amers, convaincus que, pour empêcher la fermeture définitive du site, il faudra une lutte de grande ampleur.

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