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- Lutte ouvrière n°2284
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Dans le monde
Grèce - Les élections du 6 mai : Le discrédit des partis de gouvernement
Aux élections législatives du 6 mai en Grèce, la perte de voix des deux principaux partis, la Nouvelle démocratie à droite, et le Pasok à gauche, était prévisible. Mais l'importance de cette perte et la forte hausse des voix qui se sont portées sur Syriza, la coalition de la gauche radicale, (16,76 % au lieu de 4,6 % en 2009) l'étaient moins. Globalement l'ensemble des partis de gauche perd cependant des voix : l'abstention a été plus importante (35 % au lieu de 29 %) et une partie de leurs voix se sont dispersées ailleurs.
Le plus grand perdant est le Pasok qui, par comparaison avec les élections de 2009, passe de presque 44 % à 13 % des voix et de 160 à 41 sièges. La Nouvelle démocratie (ND) passe de 33,4 % à 18,8 % des voix mais reste le premier parti, ce qui lui vaut 108 sièges au lieu de 91 en 2009. Cela tient au système électoral grec, partiellement proportionnel mais qui octroie une prime de 50 sièges au parti arrivé en tête. Ces deux partis ont payé le fait d'avoir appliqué toutes les mesures décidées par la Troïka ( l'Union européenne, la Banque européenne et le FMI) pour sauver les banques en écrasant la population.
Le dernier perdant est le Laos, un parti d'extrême droite qui a lui aussi fait partie de la récente coalition gouvernementale. Avec moins des 3 % permettant l'entrée au Parlement, il a perdu ses 15 députés. Il y a été remplacé par les 21 députés de Chryssi Avghi (l'Aube dorée). Si on totalise les résultats de ces deux partis d'extrême droite, leur audience électorale est passée de 6 % à 10 %, avec environ 220 000 voix de plus. Une partie des électeurs de droite ou d'extrême droite classique (Laos et ND) ont sans doute trouvé ce moyen de désavouer les deux partis de gouvernement. Il reste que leur ralliement à Chryssi Avghi, ce petit groupe ultranationaliste, anticommuniste forcené, défenseur de l'Église, de « l'héritage biologique et intellectuel » de la Grèce éternelle et habitué des violences contre les immigrés, est le signe du pourrissement de la société en crise.
Le Parti communiste (KKE), avec 8 % des voix, n'a gagné que 1 % et se retrouve avec 26 députés au lieu de 21. Avec 52 députés, au lieu de 13 en 2009, c'est donc Syriza, une coalition créée entre autres par d'anciens eurocommunistes et dont le président Alexis Tsipras a été membre des Jeunesses communistes, militant syndical étudiant et altermondialiste, qui se retrouve en seconde position.
Parmi les partis représentés au Parlement, Syriza a été de ceux, pas si nombreux, qui sont descendus dans la rue pour manifester leur opposition aux mesures d'austérité et au gouvernement. Contrairement au KKE, très présent lui aussi dans la rue, il ne réclamait pas la sortie de l'Europe ni de l'euro. Syriza s'est présenté sur un programme électoral revendiquant l'annulation des plans d'austérité qui amputent les salaires et les retraites, la suppression des lois démantelant le code du travail, la modification des institutions et de la loi électorale pour une vraie proportionnelle, le contrôle de l'État sur les banques, dont l'argent devrait servir à relancer la production et la consommation. Il réclame aussi un moratoire du paiement de la dette et la réunion d'une commission internationale pour examiner la dette publique.
C'est sur ce programme que Tsipras, chargé de constituer un gouvernement après une vaine tentative de la Nouvelle démocratie, essaie de regrouper une majorité plus qu'hypothétique. Selon la Constitution, c'est en effet le parti ayant obtenu le plus de sièges qui constitue le gouvernement ; à défaut, c'est le second, puis le troisième. Ensuite, il ne reste plus que le recours à de nouvelles élections.
La formation d'un gouvernement stable semble dans l'immédiat vouée à l'échec. Les Bourses et les gouvernements européens, qui appelaient de leurs voeux une alliance nationale respectueuse de leurs volontés, s'en inquiètent.
De leur côté, en votant pour les partis de la gauche radicale, de nombreux travailleurs ont exprimé leur volonté de ne plus subir l'austérité et la dictature des marchés financiers. Une volonté qui devra se concrétiser par la lutte.