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- Lutte ouvrière n°2288
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Dans le monde
Rwanda : Le massacre de 1994 et les complicités françaises
Un inventaire des armements détenus par l'armée du Rwanda, rédigé le 6 avril 1994 par la mission d'observation de l'ONU au Rwanda, vient d'être exhumé par une journaliste britannique. Quinze missiles français y figurent. Un nouveau démenti est ainsi apporté aux affirmations du gouvernement français de l'époque, qui furent admises sans sourciller par le juge d'instruction chargé officiellement d'une première enquête. Selon cette version, l'armée rwandaise ne disposant pas de missile susceptible d'avoir atteint, ce jour-là, l'avion du président Habyarimana, ne pouvait pas être impliquée dans cet attentat.
L'hypothèse la plus vraisemblable, à savoir que l'attentat contre Habyarimana ait été organisé par des forces armées de son propre camp, se trouve donc une nouvelle fois avérée.
Mais au-delà de la polémique sur l'existence ou pas de ces missiles, il y a la certitude que le soutien de l'État français n'a pas fait défaut au pouvoir Hutu avant, pendant et après le carnage qui, durant trois mois à partir d'avril 1994, aboutit au massacre de 800 000 à un million de Tutsis et d'opposants Hutus. Les milices qui ont exterminé à grande échelle toute une population se sont constituées à l'initiative des proches d'Habyarimana et ont été aiguillonnées par la « radio des mille collines », elle aussi créée avec les soutiens de la France.
Cette politique fut l'oeuvre d'un gouvernement de cohabitation Mitterrand, président socialiste d'alors, qui était secondé par le secrétaire général de l'Élysée également socialiste Hubert Védrine, tandis que le gouvernement, dirigé par Balladur avec Juppé aux Affaires étrangères, avec pour chef de cabinet Villepin, était bien évidemment de connivence. Aujourd'hui Védrine, Juppé, Villepin assument encore la responsabilité de cette politique qui visait, dans cette région de l'Afrique, à asseoir l'influence française là où la Belgique avait dû concéder l'indépendance.
Sur la présence française au Rwanda, il n'y eut pas de divergence entre la gauche et la droite. Il ne s'agissait pas de discours, de symboles, ou de gestes par lesquels la gauche cherche à se distinguer de la droite, comme c'est le cas en ce moment. Non, tous étaient d'accord pour défendre, en usant des pires méthodes et des moyens les plus ignobles, les intérêts de l'impérialisme français au prix du massacre de tout un peuple.