En déclarant mardi 5 juin, lors d'une interview, qu'elle était favorable à la dépénalisation du cannabis, Cécile Duflot a provoqué, à l'insu de son plein gré sans doute, un beau charivari. La toute nouvelle ministre du Logement exprimait là simplement la position de son parti dont elle est encore la secrétaire nationale, en précisant d'ailleurs que ce n'était pas celle du gouvernement. Cela n'a pas empêché la droite, qui fait feu de tout bois, et l'extrême droite de répéter qu'en votant pour un candidat de gauche aux législatives on voterait pour la légalisation du cannabis.

A cette indignation feinte et politicienne de la droite, certains à gauche ont plaidé l'inexpérience de la nouvelle ministre, comme Claude Bartolone qui a parlé avec condescendance d'une « erreur de jeunesse gouvernementale ». La réaction du Premier ministre, Ayrault, pas moins méprisante mais plus tranchante, a été plus significative de l'absence de marge qu'ont les membres d'un gouvernement, et en particulier du sien : « Le gouvernement n'a rien dit sur le sujet », la dépénalisation « n'est pas à l'ordre du jour, la fermeté reste d'actualité », a-t-il déclaré. Et concernant Cécile Duflot, qui va bientôt quitter son poste à la tête de son parti, il a précisé que le 23 juin : « Elle ne sera plus que ministre, c'est-à-dire au service exclusif de la mission qui est la sienne au gouvernement. »

Cet incident, somme toute mineur, démontre qu'il n'est pas question de pouvoir peser sur la politique d'un gouvernement en y entrant. C'est pourtant ce que prétendent certains écologistes tout comme les dirigeants du Front de gauche, que ce soit Mélenchon et son parti ou les dirigeants du PCF. Les ex-ministres du PCF sont là pour rappeler l'inverse, eux qui, entre autres couleuvres, avaient dû sous Mitterrand avaler la fermeture des mines de charbon et les licenciements dans la métallurgie, et sous Jospin présider à la privatisation d'Air France.

En quelques sèches répliques, Ayrault a rappelé la néophyte Duflot à la discipline, mais l'avertissement vaut pour tous.