Nouveau décret sur les retraites : Le vrai retour aux 60 ans passe aux oubliettes13/06/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/06/une2289.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Nouveau décret sur les retraites : Le vrai retour aux 60 ans passe aux oubliettes

Annoncé le 6 juin, le décret sur l'aménagement des conditions de départ à la retraite devrait entrer en application à la fin de l'année 2012.

Mais, plus qu'une avancée notable, le rétablissement du droit à la retraite à 60 ans pour une petite minorité de salariés sanctionne, de la part du Parti socialiste, le reniement de ses discours en direction des travailleurs, qui en 2010 ont manifesté par millions contre la réforme Sarkozy. « Si nous sommes élus en 2012, nous rétablirons l'âge légal du départ à la retraite à 60 ans », affirmaient alors en choeur tous les dirigeants socialistes. Engagement qui avait été scellé encore unanimement lors du dernier congrès du parti.

Certes, le retour en arrière avait déjà été engagé par le candidat Hollande, qui avait parlé de n'en faire bénéficier que « ceux qui avaient commencé à travailler tôt », et aussi pour « mettre fin en particulier aux injustices subies par les femmes ». Mais la réalité est encore bien en deçà.

Les conditions prévues au départ étaient tellement restrictives que seule une poignée de salariés allaient en bénéficier. Seuls auraient pu postuler au départ à la retraite à 60 ans ceux qui auraient cotisé de façon continue pendant plus de 41 ans, les périodes dites validées (accident du travail, maternité, maladie, chômage, etc.) n'étant pas prises en compte.

Le dispositif ainsi prévu allait coûter encore trois fois moins que ce qui avait été annoncé dans le programme de Hollande. Selon la presse, certains au gouvernement se sont réjouis des économies ainsi réalisées, mais en haut lieu on s'est inquiété de l'effet sur la population. C'est pourquoi le dispositif prévu a été élargi par deux petites mesures : les femmes ayant eu trois enfants pourront prétendre à deux trimestres de plus pris en compte pour leur droit à la retraite, même non régulièrement cotisés, et les chômeurs de longue durée aussi.

Au total, au mieux, si le chômage n'augmente pas, seul un salarié sur six qui arrive à 60 ans devrait pouvoir bénéficier de la mesure.

Cela ne résout ni l'injustice faite à des millions de femmes, ni celle faite à des millions de chômeurs. Car, avec ces aménagements de dernière minute, au mieux une centaine de milliers de salariés pourraient prétendre chaque année au départ à 60 ans.

Au final, la mesure ne devrait coûter que trois milliards, au lieu des cinq prévus. Pour la financer, Hollande et le gouvernement n'ont pas oublié de mettre à contribution l'ensemble des salariés, qui se verront prélever 0,1 % supplémentaire de leur salaire brut, idem pour les employeurs. Cela permettra au gouvernement de faire rentrer cinq milliards d'euros dans les caisses de la Sécurité sociale. Le gouvernement, avec les deux milliards récupérés et non utilisés, gardera ainsi une marge de manoeuvre aux dépens des assurés sociaux.

Les chômeurs âgés, menacés de sombrer dans la misère, et les femmes doublement victimes de la situation actuelle apparaissent comme les grands oubliés de cette pseudo-réforme. Mais ce sont tous les travailleurs qui sont en droit d'exiger de Hollande le droit à une retraite pleine et entière, et avec une pension digne de ce nom, à l'âge de 60 ans au plus, et même plus tôt pour ceux qui sont usés par le travail ou la maladie.

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