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Hôpital public Delafontaine -- Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) : De nouvelles coupes dans le budget
L'Agence régionale de santé (ARS) a revu à la baisse pour 2012 ses dotations pour l'hôpital public. Pour l'hôpital Delafontaine de Saint-Denis, en pleine rénovation, cela équivaut à une baisse de 2,8 millions d'euros.
Claude Evin, directeur général de l'ARS, ancien ministre socialiste, justifie cette nouvelle coupe budgétaire par « la nécessité de maîtriser les dépenses publiques. » Mais ce n'est pas en cherchant du côté des grandes entreprises de la chimie et de la pharmacie, en les obligeant à baisser le prix des médicaments ou du matériel médical, que l'ARS cherche à faire des économies : sa cible privilégiée est l'hôpital public.
D'après Didier Paillard, maire de Saint-Denis, « l'hôpital Delafontaine est l'établissement francilien qui va subir les plus grosses coupes budgétaires, alors qu'il brasse un bassin de population très important qui a besoin de soins ». C'est en effet le seul hôpital public pour près de 400 000 habitants, en comptant les communes voisines, et cette population, frappée durement par la crise, a de plus en plus souvent recours à l'hôpital, pour des raisons d'économies. Mais c'est encore dans les milieux populaires, là où il faudrait mettre plus de moyens, qu'on choisit de tailler dans le budget santé !
Pour faire face à cette baisse budgétaire, la direction de l'hôpital a décidé de supprimer quarante postes en équivalent temps plein. Elle supprimerait vingt postes de titulaires, en ne remplaçant pas les mutations ou les départs à la retraite, et mettrait fin au contrat des vacataires. D'après la direction, ce serait la seule solution, car elle ne songe pas à revenir sur ses projets de rénovation.
Le personnel fait les frais de cette politique de restrictions. Déjà en temps normal, il a du mal à assurer la charge de travail et fonctionne en sous-effectif. Les infirmiers ou aides-soignants peinent à poser des jours de congé, les RTT ne sont pas prises. Le malaise et la surcharge de travail sont tels que le 14 juin une employée, travaillant depuis vingt-sept ans à Delafontaine, s'est suicidée en se jetant du neuvième étage de l'hôpital. Les syndicats dénoncent dans ce suicide la conséquence directe de la dégradation des conditions de travail.
Les patients aussi feront une nouvelle fois les frais de ces suppressions de postes : le temps d'attente pour une hospitalisation ne cesse de s'allonger, les conditions d'accueil de se dégrader.
Le personnel s'est rassemblé vendredi 15 juin pour dénoncer cette nouvelle coupe budgétaire. Finalement, l'ARS a annoncé le dégel de 950 000 euros pour l'hôpital public. Le personnel compte se réunir de nouveau pour refuser cette politique d'austérité qui aggrave ses conditions de travail et sacrifie la santé des patients. Un nouveau rassemblement aura lieu devant les locaux de l'ARS le jeudi 28 juin à 10 heures.