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Industrie automobile : Pour maintenir les profits Les patrons veulent l'aide de l'État
PSA et Renault n'ont guère attendu pour se mettre en tête de la file des demandes d'aides étatiques. Les annonces de ventes en baisse -- 7,7 % de chute en Europe de janvier à mai pour l'ensemble du secteur -- ont déclenché presque automatiquement des appels au secours de la part de Renault et PSA.
Tandis que Carlos Ghosn, le PDG de Renault, joue les Cassandre en annonçant « s'attendre au pire dans les trois, quatre années à venir », Carlos Tavarès, le numéro deux, prédit 16 % de baisse des ventes du groupe en Europe au premier semestre 2012 et réclame un coup de pouce, une reprise de la prime à la casse par exemple. Cette mesure n'est pas forcément « ce qu'il y a de mieux » chez PSA où les dirigeants espèrent tout de même obtenir leur part d'aides. À son tour, l'agence de notation Fitch suggère, à destination des constructeurs, des mesures fiscales ou des prêts bonifiés à la recherche-développement et, en tout cas, de ne pas chercher à les dissuader de supprimer des emplois.
Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, juge « difficile pour un État d'aller contre le vent négatif du marché », mais il jure que le gouvernement s'intéresse de près à la demande des constructeurs.
Mais dans un passé récent, depuis 2008, huit milliards d'euros ont été dépensés en plans d'aide à la filière automobile, sans compter le milliard investi en 2009 et 2010 pour financer les primes à la casse, et le milliard du bonus-malus pour véhicule moins polluant, autant de cadeaux directs ou indirects à PSA et Renault, en particulier.
Or pendant ce temps, les deux constructeurs accumulaient sans discontinuer les profits. Rien qu'en 2011, Carlos Ghosn annonçait fièrement 2 milliards de bénéfices, 11 milliards de liquidités et un quadruplement des dividendes versés aux actionnaires. Pour PSA, n'étaient annoncés « que » 588 millions de bénéfices qui représentent quand même, depuis 2000, une accumulation de 9 milliards d'euros.
Cela n'empêche nullement les dirigeants de ces groupes de bloquer quasiment les salaires des travailleurs, de supprimer des milliers d'emplois et de menacer de fermeture des usines entières.
La question n'est donc pas celle des aides d'État, à prendre sur l'argent public, mais d'une plus saine utilisation des profits accumulés : ils doivent servir à l'embauche et à la hausse des salaires !