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- Lutte ouvrière n°2290
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Dans les entreprises
PSA-Citroën -- Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) : La direction prépare la fermeture... le gouvernement ne réagit pas
Maintenant que les élections sont passées, et conformément à son plan qui prévoyait d'annoncer la fermeture de l'usine d'Aulnay-sous-Bois en fonction « du calendrier électoral français », la direction de PSA semble accélérer ses préparatifs en vue de l'annonce... et du conflit qui pourrait éclater.
Côté nouveau gouvernement, jusqu'à récemment c'était le quasi-silence radio, avec seulement une vague promesse du cabinet d'Arnaud Montebourg de recevoir les syndicats « avant la fin juin ». Voulant rappeler que l'exigence des travailleurs n'était pas d'être reçus une énième fois, mais que soit organisée une réunion tripartite syndicats-PSA-État, une centaine d'ouvriers sont allés manifester, mercredi 13 juin, au meeting du Parti socialiste du Zénith. Banderoles, sono, slogans, tracts... ils ne sont pas passés inaperçus dans la salle. Mais le moins que l'on puisse dire est qu'aucun manifestant n'a ressenti la moindre solidarité de la part des cadres du PS présents ! Une délégation a tout de même été reçue par un membre du cabinet du Premier ministre, fixant pour le lundi 18 -- juste après le deuxième tour des législatives -- un rendez-vous avec Montebourg... sans la présence de la direction centrale de PSA.
Finalement, ce rendez-vous s'est transformé en réunion tripartite avec la présence de Denis Martin, n°2 de PSA.
Lors de cette réunion, Montebourg a eu le culot de prétendre ne pas bien connaître la situation et ne pas avoir lu le document confidentiel rendu public il y a un an -- ce qui est pour le moins étonnant de la part d'un ministre censé s'occuper des usines menacées de fermeture. Il lui a donc été rappelé la politique de PSA : fermer Aulnay pour surcharger Poissy, Mulhouse et Sochaux, et faire toujours plus de profit. Quant à Denis Martin, il a sans surprise campé sur ses positions, maintenant son discours hypocrite sur la non-visibilité au-delà de 2014 et sur les baisses escomptées des ventes.
Ceux qui, dans l'usine, avaient encore l'espoir que Montebourg et la gauche au gouvernement agissent pour contraindre PSA à ne pas fermer, commencent à se rendre compte que cela ne va pas être aussi simple. À aucun moment il n'a ne serait-ce que laissé entrevoir la possibilité de mettre des bâtons dans les roues de PSA. Bien loin de prévenir Denis Martin que la fermeture d'Aulnay était impensable, il s'est contenté de lui demander... quand elle serait annoncée. « Et quand vous dites 2014, c'est janvier ou décembre ? » Le n°2 de PSA, qui sait lui depuis toujours qu'il n'a rien à craindre de Montebourg, ne s'est pas gêné pour ne pas répondre.
Cette entrevue est une preuve de plus que les travailleurs ne pourront compter que sur leurs propres forces pour se défendre.
Des menaces qui se précisent
Mais, au sortir de la réunion, ce sont surtout les déclaravtions de Gérard Ségura, le maire PS d'Aulnay, qui ont circulé dans l'usine comme une traînée de poudre : il a expliqué à la presse qu'il pensait que PSA allait annoncer la fermeture le 25 juillet, lors de la présentation des résultats semestriels. A-t-il eu des fuites de la direction d'Aulnay ? Ou le Parti socialiste veut-il, à travers lui, faire pression sur la direction du groupe pour la presser de faire l'annonce rapidement, afin de se débarrasser au plus vite de ce dossier ? Les travailleurs n'ont bien sûr aucun moyen de le savoir. Mais ces déclarations ont évidemment fait énormément discuter dans les ateliers et dans les nombreuses réunions que les militants ont organisées le soir même et le lendemain.
Du point de vue de la direction, faire l'annonce le 25 juillet, à deux jours de la fermeture annuelle de cinq semaines du mois d'août, empêchant ainsi toute mobilisation immédiate, serait évidemment une stratégie logique. Et il est en effet probable qu'elle profite pour cela de la publication de résultats qu'elle se débrouillera pour noircir le plus possible. Un autre indice qui fait penser que la direction se prépare au conflit à la rentrée est qu'elle a demandé à l'usine de Saint-Ouen, qui alimente les usines de montage en pièces d'emboutissage, de préparer trois semaines de stocks. Il s'agit évidemment de repousser la paralysie de la production nationale en cas de blocage de Saint-Ouen à la rentrée.
La direction se prépare, les travailleurs aussi
Rien ne permet d'affirmer avec certitude que la direction va annoncer la fermeture fin juillet -- même si bien des éléments le laissent penser. Ce qui est certain en revanche, c'est qu'elle cherche par tous les moyens à vider l'usine, en poussant les travailleurs à s'en aller, en tentant de mettre dehors des travailleurs handicapés en les licenciant pour inaptitude, en transformant l'usine, selon le mot d'un ouvrier, en « annexe de l'ANPE », avec des annonces d'emplois affichées partout. Et elle cherche, par une politique de répression de plus en plus systématique contre les militants, à démoraliser les plus combatifs en prévision des luttes à venir. Sans succès.
Devant cette situation, les syndicats appellent les travailleurs à se rassembler et à manifester devant le siège parisien à l'occasion de la réunion du comité de groupe européen du 28 juin. À ce rassemblement se joindront des délégations de toutes les usines du groupe PSA. L'objectif est de faire une démonstration de force et de montrer au gouvernement et à PSA que, s'ils attaquent les emplois, ils auront les travailleurs en face d'eux !
Le problème n'est pas de savoir si la direction va annoncer la fermeture, mais plutôt quand elle va le faire. Pour l'instant, elle a déjà face à elle une équipe de 200 à 300 travailleurs très combatifs, qui s'est soudée et renforcée dans ces douze derniers mois d'actions. Si la colère éclate à l'annonce de la fermeture, ce pourrait être plus de 3 000 travailleurs que la direction aura en face d'elle, pour forcer Varin, Martin et leurs alliés du gouvernement à ravaler leur morgue et à changer de ton.