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Dans les entreprises
Samsonite : Prison ferme pour les anciens repreneurs
La cour d'appel de Paris a confirmé la condamnation à de la prison ferme des deux repreneurs de l'usine Samsonite de Hénin-Beaumont. Ils sont reconnus coupables d'avoir volontairement provoqué la faillite de l'entreprise en 2007 en détournant 2,5 millions d'euros.
Le début de l'affaire remonte à 2005. Cette année-là, le riche groupe de bagagerie américain Samsonite décidait de se débarrasser de l'usine de Hénin-Beaumont, qu'il avait acquise quelques années plus tôt. Cédée pour un euro symbolique, l'usine, rebaptisée Energy Plast, devait se reconvertir dans la fabrication de panneaux photovoltaïques. Deux ans plus tard, alors qu'aucun panneau photovoltaïque n'avait été produit, l'usine était liquidée et les 205 salariés licenciés.
Les deux repreneurs s'avéraient être complètement véreux. Ils venaient de faire la même opération un an avant avec une autre usine de bagagerie, elle aussi liquidée avec le licenciement de 200 personnes. L'un d'eux avait déjà été mis en examen pour abus de confiance aggravé, faux et usage de faux, banqueroute par détournement d'actifs...
Aujourd'hui, au bout de cinq ans de procédures judiciaires, l'ancien PDG d'Energy Plast est condamné à trois ans de prison dont un an ferme, l'ancien secrétaire général écope lui aussi de trois ans de prison, avec deux ans ferme. Les deux escrocs doivent payer une amende de 75 000 euros et n'auront plus le droit de gérer une entreprise pendant cinq ans. Ils devront enfin verser 2,5 millions d'euros au liquidateur judiciaire. Ce n'est que justice, et ce n'est même qu'un minimum par rapport aux dégâts qu'ils ont faits.
Lors de l'audience en appel, l'avocat général rappelait que les 205 salariés licenciés « vivent pour la plupart dans la précarité depuis leur licenciement. 80 % d'entre eux n'ayant toujours pas retrouvé de travail ». Et surtout, les premiers responsables, les patrons de Samsonite qui ont vendu l'usine dans ces conditions pour ne pas avoir à payer un plan social, ne seront pas inquiétés. Dans cette affaire, ils se présentent comme des victimes, mais d'après les anciens salariés, l'aide de cinq millions d'euros qu'ils avaient apportée en 2005 pour le projet de reconversion est bien inférieure à ce qu'ils auraient dû payer s'ils avaient fait un plan social en bonne et due forme. Ce groupe de niveau international, aujourd'hui florissant, avec 87 millions de dollars de bénéfices déclarés pour l'année 2011, aurait eu largement les moyens de ne pas fermer cette usine et de maintenir les emplois.