Tous ensemble, avec ceux de PSA25/07/20122012Journal/medias/journalnumero/images/2012/07/une2295.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Tous ensemble, avec ceux de PSA

Après des jours de palabres entre membres de l'état-major de PSA, d'une part, et Montebourg et Ayrault, d'autre part, palabres dont on n'a appris que ce qu'en ont révélé les participants, on en sait un peu plus sur les intentions du gouvernement. Il va, une fois de plus, déverser des milliards dans l'escarcelle des actionnaires de Peugeot et de Renault, mais sans exiger la moindre contrepartie en matière de garantie d'emplois et de salaires pour les salariés de ces entreprises. Rien non plus en ce qui concerne le sort des travailleurs menacés d'être jetés à la rue.

Varin, le PDG de PSA, a redit qu'il n'y aurait pas de licenciements secs et que chaque cas serait étudié. Tous les salariés qui ont été victimes de plans dits sociaux savent à quoi s'en tenir, comme ceux de Moulinex, par exemple, à qui on avait fait ce type de promesses il y a dix ans déjà, et qui ont dû galérer des années durant. Varin a laissé entendre aussi que le site d'Aulnay, en Seine-Saint-Denis, ne disparaîtrait pas. Mais avec quelle production, avec combien d'ouvriers, payés à quel salaire ? Rien n'est dit.

Sur ce fait, les dirigeants de PSA, avec un sens remarquable de la communication, ont rendu public leur bilan. Il y aurait, disent-ils, 819 millions de pertes sur le premier semestre. Et les commentateurs ont repris en choeur ce chiffre comme vérité d'évangile. Et prenant un ton catastrophé, ils en ont rajouté une couche en parlant de « pertes abyssales », de « déficit colossal ». Même si le chiffre était exact, ce qui est à vérifier, il faudrait le comparer aux bénéfices engrangés par les actionnaires de PSA et au magot de la famille Peugeot, ne serait-ce que sur les dix dernières années (aucune entreprise ne fait en effet des projets sur six mois). On constaterait alors que, pour eux, la situation n'a rien de catastrophique.

D'ailleurs, en même temps que Peugeot rendait officiellement public le chiffre de ses pertes récentes au comité central d'entreprise qui se tenait le 25 juillet, il précisait que le groupe disposait d'un matelas, « une sécurité financière », disait-il, de 12 milliards d'euros. Largement de quoi voir venir ! Et largement de quoi prendre en charge les aléas de la conjoncture sans avoir à licencier ni à réduire les salaires.

Les travailleurs de PSA ont réaffirmé leur ferme volonté de se battre, sans se laisser impressionner par la prétendue agonie économique de leur patron, comme semblent l'être le gouvernement et les soi-disant experts. C'est la seule attitude possible et payante pour qui se place du point de vue des intérêts du monde du travail. D'autant qu'ils ne sont pas les seuls à devoir mener combat. Des dizaines de milliers de travailleurs sont dans une situation analogue : ceux d'Air France, de Sanofi, de Doux, des opérateurs téléphoniques SFR, Orange et Bouygues, mais aussi des dizaines de milliers d'autres entreprises moins connues. Sans compter celles qui s'apprêtent à annoncer des plans de licenciements.

Dans les mois qui viennent, l'ensemble du monde du travail sera amené à se défendre. Ceux, bien sûr, dont l'emploi est ou sera menacé, mais aussi ceux qui auront eu la chance de passer entre les gouttes. Car ils verront leurs conditions de travail se dégrader pour assurer le même travail avec un effectif réduit, et avec un salaire qui le sera aussi. Ne serait-ce que du fait des hausses de prix.

Pour mener ce combat, il faudra avoir les idées claires, sans se laisser enfumer par les déclarations des patrons, des ministres et des bonimenteurs à leur service. qui ne voient de croissance que lorsque la fortune des capitalistes grossit.

Il faut exiger que les travailleurs et leurs organisations puissent accéder en totale liberté aux comptes et aux documents concernant l'ensemble de l'activité de leur entreprise, et qu'ils puissent rendre public ce qu'ils découvrent sans aucune entrave. L'exemple de PSA illustre la nécessité d'une telle mesure.

Dans cette période de crise, toute perte d'emploi équivaut à une condamnation à la misère de familles entières. Il faut donc exiger que soit votée une loi -- la majorité socialiste dispose de tous les moyens législatifs pour le réaliser -- qui interdise les licenciements. Une loi qui servirait de point d'appui pour les travailleurs qui se battent pour leur emploi. Et puis, en corollaire, il faudrait que, quand la demande diminue, le travail soit réparti entre tous avec maintien du salaire.

Face à tous les plans et contre-plans que le gouvernement s'apprête à mettre en place pour secourir le patronat, c'est ce plan dont le monde du travail devra se doter.

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