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Leur société
Le traité européen : Un manifeste pour l'austérité
Mardi 2 octobre, la discussion parlementaire sur la ratification du nouveau traité européen et sa traduction dans la loi française devait s'est ouvert par un discours du Premier ministre.
Ce traité est, à la virgule près, celui concocté par Sarkozy et Merkel au début de l'année. Il explique que les États européens doivent avoir des finances saines, ne pas dépenser plus que ce qu'ils engrangent en impôts et rembourser leurs dettes. Il donne même des règles chiffrées de bonne gestion : un État ne devrait pas avoir plus de 0,5 % de déficit public et ne pas être endetté au-delà de 60 % de la richesse que le pays produit en un an.
Mais ce prétendu bon sens laisse évidemment les vraies questions de côté : qui emprunte, pour quoi faire, et surtout qui rembourse ?
L'explosion des dettes publiques depuis 2008, sans remonter plus loin, est le résultat des cadeaux faits par tous les États à leurs capitalistes. En France, par exemple, il s'agit de cinq cents milliards d'euros, au bas mot, consistant en aides au profit des banques, de l'automobile, du BTP, etc. Ces cinq cents milliards, l'État les a empruntés « sur les marchés », c'est-à-dire auprès des banques privées. C'est pour rembourser ces dettes que l'État a diminué le nombre de fonctionnaires, réduit les budgets sociaux, imposé plus lourdement les familles populaires, rogné sur tellement de « petites choses » que la vie en devient parfois impossible. C'est ce que faisait Sarkozy, c'est ce qu'annonce Hollande dans son projet de budget, c'est ce que le traité propose d'entériner et de mieux coordonner à l'échelle européenne.
Le nouveau traité demande même aux États d'accepter par avance des sanctions financières s'ils ne parviennent pas à respecter cette « bonne gestion », c'est-à-dire s'ils ne pressurent pas assez les travailleurs. Une clause stipule que tout cela sera valable sauf « circonstance exceptionnelle », hors du pouvoir des gouvernements, mais reconnue par la Commission de Bruxelles, c'est-à-dire par les États et les trusts les plus puissants. Aucune circonstance exceptionnelle n'est venue empêcher l'étranglement des travailleurs grecs et espagnols. Une circonstance exceptionnelle a fait, en revanche, débloquer des centaines de milliards d'euros pour sauver les profits des banques.
Ce traité n'est donc que la codification des politiques d'austérité poursuivies dans tous les pays depuis des années, approfondies depuis la crise financière de 2008 et encore accélérées avec la récession économique qui s'annonce. S'il était proposé au vote, les travailleurs ne pourraient évidemment que le refuser.
C'est bien pourquoi le candidat Hollande avait affirmé qu'il ne pouvait pas « en l'état être ratifié par la France » et qu'il se faisait fort de le renégocier une fois élu. Lui, une fois président, s'est contenté d'un additif exprimant des voeux pieux en faveur de la croissance et demande maintenant au Parlement d'approuver ce texte. Ce traité, qui sera voté par l'écrasante majorité des députés et sénateurs, PS et droite confondus, n'est ainsi que le dernier en date des multiples emballages de la pilule austérité.
C'est celle-là qu'il faut que les travailleurs rejettent, par les seuls moyens réels dont ils disposent, ceux de la lutte de classe.