Il fallait s'y attendre, après la campagne menée dans les médias à propos des retraités prétendument mieux nantis que nombre de salariés : le gouvernement va leur faire les poches -- du moins à ceux qui sont imposables, ce qui représente tout de même 9,5 millions de personnes sur un total de 16 millions.

Le budget 2013 prévoit d'instaurer une taxe sur leurs pensions : de 0,15 % dès l'an prochain, elle sera ensuite doublée. Cette taxe, pompeusement appelée Contribution additionnelle de solidarité pour l'autonomie (CASA), se présente comme le pendant pour les retraités de la Journée de solidarité instaurée par Raffarin pour les salariés après la canicule de 2003, et elle ira alimenter la Caisse de solidarité pour l'autonomie. Autrement dit, pour financer les aides à certains retraités, on fera payer d'autres retraités. Le Premier ministre socialiste Jean-Marc Ayrault élargit ainsi la ponction sur les revenus du monde du travail faite par son homologue de droite, et cela au nom de « l'équité » et de la « solidarité intergénérationnelle » !

Quelques jours seulement avant la présentation du budget, le ministre de l'Économie Pierre Moscovici, qui devait quand même être au courant de ce qu'il y avait dans ce texte, promettait que « les retraités ne seraient pas davantage taxés ». Il répondait par-là à la Cour des comptes qui suggérait de supprimer l'abattement de 10 % pour le calcul du revenu imposable et le taux réduit de la CSG dont les retraités bénéficient. Même son de cloche de la part de Jean-Marc Ayrault. Mais l'hypocrite pointait cependant le bout de son oreille en laissant entendre que « les retraites les plus importantes » pourraient contribuer au « financement de la dépendance ». La grande majorité des retraités qui paieront cette taxe vont donc avoir la surprise d'apprendre qu'ils touchent une retraite « importante », même si celle-ci avoisine le smic.

« Les retraités ne sont pas intouchables », avait déclaré Marisol Touraine, la ministre des Affaires sociales. Les membres du gouvernement, tout socialistes qu'ils se prétendent, ne le seront pas non plus le jour où les travailleurs, qu'ils soient en activité, au chômage ou à la retraite, ne seront plus prêts à se laisser tondre sans réagir.