Pitreries : Le charme discret de Poutine et de ses camps09/01/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/01/une2319.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pitreries : Le charme discret de Poutine et de ses camps

Que ce soit pour son parrainage de Sarkozy lors des dernières élections, pour son voisinage fiscal en Belgique avec la famille Mulliez, propriétaire des supermarchés Auchan, ou encore pour son soutien délirant à la politique de Poutine, Depardieu est décidément quelqu'un de bien inintéressant. Le scénario dans lequel il joue son personnage a surtout eu beaucoup de succès auprès des médias, avant même que Brigitte Bardot en vienne à jouer le second rôle, demandant à son tour un passeport à Poutine.

S'il pouvait sortir quelque chose de ce fait divers, ce serait un coup de projecteur sur la région de Mordovie, l'une des 21 Républiques constituant la Russie, à 500 km de Moscou, dans laquelle Depardieu s'est rendu en faisant l'éloge de la « démocratie » régnant dans le pays.

La Mordovie ne compte pas seulement des forêts de bouleaux et un gouverneur qui a paraît-il offert à Depardieu une maison et le poste de ministre de la Culture. C'est aussi un haut lieu des camps, dans lesquels des prisonnières condamnées pour des raisons en réalité politiques doivent subir le travail forcé avec ses punitions, au milieu de « droits communs » et dans une ambiance violente. Y séjourne notamment l'une des deux membres du groupe Pussy Riot condamnées en février 2012 à deux ans de camp pour « hooliganisme » et « incitation à la haine religieuse » après avoir chanté une « prière-punk » contre Poutine dans une cathédrale.

Une étudiante tchétchène, Zara Mourtazalieva, faussement accusée de terrorisme, est sortie de l'un de ces camps en septembre dernier : « J'ai vécu en enfer pendant huit ans et demi. Ce n'est pas un mauvais rêve qu'on peut oublier. C'est une terrible école de la vie », a-t-elle déclaré, soulignant aussi qu'elle était loin d'être la seule à avoir subi une telle détention à la suite d'une arrestation arbitraire.

L'une des journalistes l'ayant soutenue avait alors apporté son témoignage sur les confins ouest de la Mordovie, une terre carcérale depuis les années trente (Libération du 7 septembre 2012) : « Sur une petite centaine de kilomètres, s'étire un chapelet de villages, chacun adossé à deux ou trois colonies de rééducation autour desquelles tourne toute la vie économique. Dans le coin, le système pénitencier est le seul pourvoyeur d'emplois. Gardiens, cuisiniers, médecins, jusqu'aux chauffeurs de taxi qui font la navette entre la gare et les parloirs. »

Quant à Brigitte Bardot, elle a, à son tour, émis le souhait de demander la nationalité russe à Poutine, qu'elle admire dit-elle. Quand on aime les bêtes...

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