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Leur société
Farines animales, le retour
L'utilisation des farines animales pour nourrir les ruminants avait été interdite en 1997, suite au scandale de la « vache folle » qui s'était soldé par plus de 190 000 vaches touchées par l'encéphalite spongiforme bovine (ESB) et 200 personnes atteintes de la maladie de Creutzfeldt-Jacob. Cette interdiction avait été étendue à l'alimentation de tous les animaux de consommation en 2001.
Pourquoi la Commission européenne juge-t-elle aujourd'hui légitime de lever cette interdiction ? Elle affirme avoir mis en place un système de contrôle des farines animales plus fiable qu'auparavant : celles-ci ne seraient désormais fabriquées qu'à partir de produits d'abattage propres à la consommation humaine et prélevés sur des animaux sains, alors qu'auparavant les farines comportaient divers sous-produits de carcasses.
Par ailleurs, elle juge que les farines de porc et de volaille pourraient être un substitut intéressant aux farines de poisson actuellement utilisées pour nourrir les poissons d'élevage carnassiers comme le thon et le saumon, dont la fabrication conduit à une surpêche des poissons-fourrage destinés à la nourrir, comme les anchois, les sardines, les maquereaux.
Enfin, elle précise qu'elle ne permettra pas le « cannibalisme » (comme l'alimentation des bovins par des farines de bovins, qui avait été à l'origine de l'épidémie d'ESB). Ainsi, les porcs ne devront consommer que des farines de volaille, et les volailles que des farines de porc. C'est évidemment là une vue de l'esprit, car qui ira contrôler dans chaque exploitation agricole le type de farine donné à chaque animal ? Au-delà des divers arguments avancés, la vraie raison du retournement de la Commission européenne est évidemment le lobbying particulièrement efficace des industriels fabriquant ces farines.
Se positionnant contre cette décision européenne, Guillaume Garot, le ministre français délégué à l'Agroalimentaire, a fort justement remarqué que celle-ci tombait mal... en plein scandale de la viande de cheval ! Il a ajouté qu'« il faudra la mettre en oeuvre au plan français avec un véritable esprit de responsabilité de nos industriels ». Un esprit de responsabilité du même type que celui du patron de l'usine Spanghero quand il a fait passer de la viande de cheval pour de la viande de boeuf, plus chère, afin d'augmenter ses profits ?