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Israël - Palestine : Mort d'un détenu palestinien
Le 23 février, un jeune Palestinien est mort dans une prison israélienne, à Megiddo, au nord de la Cisjordanie. Il venait d'être arrêté cinq jours auparavant, accusé d'avoir lancé des pierres contre un colon israélien. « Décédé des suites d'une crise cardiaque », se bornent à commenter les autorités de la prison et les services de sécurité qui ont « interrogé » Arafat Jaradat jusqu'à ce qu'il en meure.
Âgé de 30 ans, en bonne forme physique jusqu'à son arrestation, le jeune père de famille dont l'épouse attendait un troisième enfant ne présentait selon ses proches aucun signe de maladie cardiaque. Selon son avocat, il se serait plaint non seulement d'avoir été battu lors de son arrestation mais de douleurs intenses liées aux coups subis en prison. Il n'a même pas pu être examiné par un médecin. En revanche, un médecin légiste palestinien a déclaré, après l'autopsie, que la mort était consécutive aux tortures infligées.
Une colère bien légitime s'est exprimée, notamment lors de l'enterrement, le 25 février, près de Hébron en Cisjordanie, de ce soixante-treizième détenu palestinien mort sous la torture depuis la guerre des Six-Jours, en juin 1967. Des centaines de plaintes ont été déposées depuis 2003 pour faits de torture dans les prisons israéliennes, sans même qu'une enquête soit ouverte.
Mais, avant même le décès du jeune homme, des milliers de Palestiniens avaient manifesté les jours précédents, en solidarité avec les onze détenus actuellement en grève de la faim dans les geôles israéliennes, dont trois sont très malades. Quatre d'entre eux protestent de cette manière depuis plusieurs mois, par intermittence, pour exiger leur libération. Deux d'entre eux ont été relâchés en 2011, dans le cadre de l'échange d'un millier de prisonniers palestiniens contre le soldat israélien Gilat Shalit, puis à nouveau arrêtés sous prétexte de violation des conditions de leur libération. Les deux autres sont en « détention administrative », c'est-à-dire emprisonnés sans inculpation, sans motif, sans charge, sans avoir été déférés devant un juge, et ce pour des périodes de six mois renouvelables. Cette pratique concernerait actuellement 285 détenus palestiniens, dont certains subissent ce sort depuis des années. Au total, 4 660 prisonniers politiques palestiniens sont enfermés dans les prisons israéliennes, 210 d'entre eux sont mineurs et 34 même ont moins de 16 ans, tous subissant des conditions de détention insupportables.
Les pouvoirs publics israéliens craignent qu'avec la mort d'Arafat Jaradat la protestation ne s'étende. C'est bien le moins qu'ils puissent attendre comme résultat de la politique d'agression permanente qu'ils mènent contre les Palestiniens dans les territoires occupés, avec la complicité des grandes puissances. Ce que ces femmes et ces hommes ressentent en permanence, c'est le mépris d'un régime arrogant, la négation du droit à une existence digne, à une terre, à un emploi, quand ils ne sont pas, comme régulièrement à Gaza, victimes d'agressions militaires.
C'est maintenant à l'Autorité palestinienne, à Mahmoud Abbas, que le gouvernement de Netanyahou ose cyniquement demander « d'apaiser le territoire » sous son contrôle ! C'est sans doute dans cette optique que le pouvoir israélien a daigné commencer à rembourser les quelque 120 millions de dollars mensuels de taxes et droits de douane qu'Israël doit à la population palestinienne. Bloqués depuis novembre 2012 par mesure de représailles, après que la Palestine a été admise à l'ONU comme État non membre, ces millions séquestrés privaient notamment les fonctionnaires palestiniens de leur salaire depuis des mois.
Il n'est pas certain que cela suffise à calmer la colère des jeunes Palestiniens.