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- Lutte ouvrière n°2329
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Dans les entreprises
Kuehne+Nagel – Toulouse : Neuf jours de grève
C'est parce que leur direction proposait des augmentations au rabais que la grève a commencé le 7 mars, les travailleurs considérant à juste titre que Kuehne+Nagel pouvait payer. Au premier semestre 2012, le bénéfice net a été de 260 millions d'euros ! Alors, lorsque les travailleurs ont réclamé une augmentation de 100 euros pour les salaires inférieurs à 2 500 euros et 2 % pour les salaires au-dessus, ils considéraient être dans leur bon droit, d'autant que la plupart gagnent 1 040 euros par mois.
Tous les jours, ils se sont rassemblés à l'entrée d'Airbus Louis-Bréguet. Les distributions de tracts au petit matin, le filtrage aux entrées d'Airbus afin d'expliquer le mouvement ou pour faire appel au soutien financier ont entraîné des blocages monstres dans Colomiers et sur les rocades toulousaines, déjà saturées en temps normal. Malgré la gêne occasionnée, de nombreux salariés d'Airbus ou de la sous-traitance les ont encouragés : « Tenez bon ! continuez ! » Du côté de l'entrée Athos, les camions de livraison étaient ralentis mais beaucoup de chauffeurs, à coups de klaxon, montraient leur soutien aux grévistes.
Quant à la direction, qui n'a soi-disant pas d'argent pour augmenter les salaires, elle a su en trouver pour essayer de briser la grève. Elle a fait appel à des intérimaires (en toute illégalité), elle a promis aux non-grévistes des primes qu'elle a toujours refusé d'accorder, elle a imposé aux non-grévistes de venir travailler en heures supplémentaires la nuit, le samedi. Elle a fait venir tous frais payés des travailleurs de Bordeaux, de Nantes, des travailleurs allemands, espagnols. Elle a même organisé la réception de certains colis dans un entrepôt jusque-là inconnu des syndicats et, samedi, elle a envoyé un courrier à tous les salariés pour faire pression. Cela montrait en tout cas que la grève la gênait.
Cependant, au 9e jour de grève, et ne voyant pas comment renforcer leur mouvement, les grévistes ont discuté des propositions de « fin de conflit ». En plus de l'augmentation de 1,75 % de la prime de vacances, qui passe de 150 à 200 euros, du versement d'une prime de 100 euros si le contrat avec Airbus est renouvelé, de l'échelonnement des retenues pour les jours de grève, la direction s'est engagée à mettre en place un système d'augmentations individuelles « dans la transparence » pour répondre aux critiques de ceux qui dénoncent une politique d'augmentations « à la tête du client », et l'absence de mesure talon, c'est-à-dire d'augmentation individuelle minimum. Le travail a repris, mais avec l'intention exprimée par certains de maintenir la pression.