- Accueil
- Lutte ouvrière n°2332
- Prix du lait : Les éleveurs pris en tenaille
Leur société
Prix du lait : Les éleveurs pris en tenaille
L'Institut de l'élevage estime en effet que, sur les 70 000 éleveurs en France, « un tiers d'entre eux est vraiment dans le rouge, un tiers vit avec de faibles revenus et le reste conserve une situation solide ».
Jusqu'à présent, leurs interlocuteurs, les capitalistes de la grande distribution et de l'industrie de transformation du lait, se renvoyaient la balle pour refuser cette augmentation... avec des arguments frappés au coin du bon sens ! Un représentant des industriels du lait a ainsi dénoncé la position « oligarchique » des grands distributeurs, estimant qu'« il n'y a aucune possibilité de discuter avec eux » et citant Michel-Édouard Leclerc qui, selon lui, « octroie ou n'octroie pas les hausses, selon son bon vouloir ». Les patrons de la grande distribution n'ont pas manqué de répliquer en pointant du doigt la même concentration chez les industriels : « Les trois premiers groupes industriels du lait (Sodiaal, Lactalis et Glac) réalisent 88 % de la production de lait liquide. »
Les patrons de la grande distribution acceptent aujourd'hui une hausse de deux à trois centimes par litre de lait (selon les enseignes), mais ils comptent la répercuter sur les prix des produits laitiers vendus dans leurs magasins. Pour eux comme pour les capitalistes de l'industrie laitière, il n'est pas question de prendre sur leurs marges pour augmenter le prix payé aux éleveurs.
Ces gens-là comptent parmi les plus grandes fortunes de France. La liste de milliardaires récemment éditée par le magazine américain Forbes inclut par exemple Bernard Arnault, actionnaire important de Carrefour, ainsi que trois membres de la famille Besnier, propriétaire de Lactalis. Les propriétaires des magasins Leclerc comptent, eux, plusieurs millionnaires, à tel point que l'enseigne a été surnommée « la fabrique à millionnaires ». Ils auraient largement de quoi accorder la hausse du prix du lait demandée par les producteurs sans pour autant grever le budget des ménages.