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- Lutte ouvrière n°2335
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Editorial
« Ni Dieu, ni César, ni tribun, producteurs, sauvons-nous nous-mêmes ! »
Le gouvernement n'a pas encore un an mais il a déjà perdu tout crédit dans les classes populaires. Son bilan est sans appel, car s'il y a bien du changement, c'est en pire : la menace du chômage pèse sur tout le monde, les conditions de travail sont de plus en plus dures, le chantage patronal à la baisse des salaires se généralise.
Les travailleurs ont fait l'expérience qu'ils n'avaient rien à attendre de ce gouvernement prétendument socialiste, si ce n'est des coups. Car le gouvernement ne s'est pas contenté de regarder le patronat licencier et aggraver les conditions de travail, il l'a aidé, il en a été le complice et le fidèle serviteur, tout comme Sarkozy. Pour ultime preuve de sa servilité, le gouvernement vient même de refuser son soutien à la loi d'amnistie sociale !
Alors, si Hollande bat le record d'impopularité, tous présidents confondus, et ce en moins de douze mois, il ne fait que récolter ce qu'il a semé ! Mais les travailleurs qui se détournent de Hollande n'ont pas à reporter leurs espoirs sur de nouveaux marchands d'illusions.
Il faut combattre comme la peste les illusions véhiculées par l'extrême droite dans les classes populaires. Derrière sa démagogie, le FN est le défenseur des riches et de la société capitaliste dans sa pire version autoritaire et xénophobe.
Mais il y a aussi des marchands d'illusions à gauche. Jean-Luc Mélenchon en est le prototype. Il se pose en alternative et se propose même pour le poste de Premier ministre, nous expliquant qu'il saurait, lui, lutter contre le chômage, qu'il a, lui, une solution pour relancer l'économie et qu'il saurait, lui, en faire ravaler aux banquiers !
Mais comment ? Pour ne pas être pris à la gorge par la finance, il faudrait vouloir la combattre, et pas qu'avec des mots. Il faudrait vouloir lui enlever la propriété sur les entreprises, sur les banques. Pour combattre le pouvoir de l'argent et de la finance, il faut être décidé à exproprier la bourgeoisie, à arracher les racines de son pouvoir.
C'est la propriété sur les entreprises qui donne le pouvoir à une minorité de décider d'ouvrir ou de fermer des entreprises, d'investir ou pas. Si l'on n'est pas prêt à remettre en cause ce droit de propriété capitaliste, on est voué à se soumettre, que l'on s'appelle Hollande ou Mélenchon !
Il ne suffit pas d'avoir le sens de la formule et d'appeler à une manifestation le 5 mai pour être radical. Faut-il rappeler que, le 18 mars 2012, Mélenchon avait appelé à « prendre la Bastille », pour ensuite demander à tous de voter Hollande ? Cette fois, il appelle le « peuple de gauche » à manifester, mais c'est pour devenir Premier ministre. Le suivre serait aller d'illusions en illusions.
La seule force sociale qui a intérêt à s'opposer et à abattre le mur de l'argent, c'est la masse des exploités. Pour y parvenir, elle doit être consciente de ses intérêts de classe. Elle doit se constituer en force politique qui mette en avant les intérêts des travailleurs et rien que leurs intérêts. Une force politique qui prépare le combat pour mettre fin à la mainmise du grand capital sur la société.
Plusieurs générations de travailleurs ont eu cette perspective. Le 1er Mai a été longtemps leur étendard. Avant d'être transformé en France en un banal jour férié, le 1er Mai était un jour de grève et de combat contre le patronat, une journée où les travailleurs avançaient leurs revendications et où ils exprimaient aussi leur conscience de faire partie à l'échelle internationale d'une seule et même classe ouvrière, porteuse d'un monde débarrassé de l'exploitation.
Il s'agit pour nous, en France, de nous battre pour ne pas revenir en arrière sur les conditions des exploités. Dans bien des pays, il s'agit pour les travailleurs de se battre pour le droit à la vie. Au Bangladesh, la mort de plusieurs centaines d'ouvrières et d'ouvriers dans l'écroulement d'un immeuble abritant des ateliers de confection montre cruellement le sort qui est réservé à des centaines de millions de travailleurs des pays pauvres.
L'exploitation barbare et criminelle des travailleurs de ces pays et les ravages de la finance, du chômage et de la misère dans les pays dits développés sont les deux faces du même système d'exploitation.
Alors, comme les travailleurs l'ont affirmé à chaque 1er Mai, cette année encore des centaines de milliers de travailleurs sur tous les continents ont manifesté pour affirmer : « Travailleurs de tous les pays, unissons-nous », « du passé faisons table rase », « nous ne sommes rien, soyons tout ! »
Éditorial des bulletins d'entreprise du 30 avril