Il y a soixante ans, le 14 juillet 1953 : Répression sanglante contre les Algériens à Paris18/07/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/07/une2346.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Il y a soixante ans, le 14 juillet 1953 : Répression sanglante contre les Algériens à Paris

Le 14 juillet 1953, un imposant cortège de travailleurs maghrébins, algériens en majorité, se joignait à la traditionnelle manifestation parisienne organisée par le PCF et la CGT de la Bastille à la Nation. Les mots d'ordre des organisateurs, réclamant le droit d'apprendre un métier, des logements décents et du travail, laissèrent vite la place à ceux réclamant l'indépendance.

Les militants du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, le MTLD, dont le dirigeant était Messali Hadj, le principal mouvement nationaliste alors très influent parmi les travailleurs algériens, brandirent des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « À bas le colonialisme ». Au moment de la dispersion, les policiers se déchaînèrent contre les manifestants maghrébins. Ils ne se contentèrent pas de frapper à coups de matraque. Des coups de feu furent tirés, laissant sur le pavé sept morts, six jeunes ouvriers algériens et un syndicaliste CGT, et de nombreux blessés.

Le président du Conseil, Joseph Laniel, couvrit immédiatement la répression, soutenant les policiers assassins. Le soir même, le ministre de l'Intérieur, Léon Martineau-Déplat, déclara que les Algériens avaient ouvert le feu les premiers, cherchant à accréditer la thèse de la légitime défense échafaudée par la préfecture de police. Le journal de droite L'Aurore, dans son numéro du 15 juillet 1953, titrait : « Ce 14 juillet a été, hélas ! ensanglanté par une émeute communiste » ajoutant dans un sous-titre : « Deux mille Nord-Africains attaquent sauvagement la police place de la Nation. » Le 17 juillet, un article du journal Le Figaro intitulé de manière significative les « Nord-Africains dans la métropole », exhortait à ne « plus laisser se maintenir et se renforcer dans la capitale ainsi que dans les régions du Nord, de l'Est et de Marseille des masses d'individus qui menacent périodiquement l'ordre public. On peut être généreux sans être dupe ou victime. » Le point de vue colonialiste haineux s'étalait ainsi à longueur de colonnes. Un an auparavant, la répression des manifestations organisées par le MTLD avait déjà fait plusieurs morts en France.

En 1953, cela faisait déjà sept ans que l'impérialisme français menait une sale guerre en Indochine pour préserver cette partie de son empire colonial. Mais alors que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'agitation grandissait dans tout l'empire colonial français pour réclamer l'indépendance, il n'était absolument pas question pour l'impérialisme français de céder.

Dans les jours qui suivirent la manifestation du 14 juillet, le Parti communiste français et la CGT condamnèrent la répression. Mais à aucun moment ils n'envisagèrent vraiment de riposter, et surtout ne reprirent aucunement la revendication pour laquelle six ouvriers algériens étaient morts.

Droite et gauche unies contre l'indépendance

En fait, aucun des partis et syndicats qui organisaient la classe ouvrière, pas même le Parti communiste, ne soutenait les peuples colonisés dans leur aspiration à l'indépendance.

En 1936, alors qu'il était au pouvoir, le gouvernement du Front populaire n'avait avancé qu'un timide projet consistant à donner le droit de vote à quelques nouveaux électeurs algériens, projet vite abandonné sous la pression des représentants politiques des colons. Un an plus tard, en 1937, le gouvernement socialiste s'attaquait directement au mouvement nationaliste algérien, arrêtant son dirigeant Messali Hadj et interdisant son parti l'Étoile nord-africaine. Tout cela fut ressenti comme une immense trahison par les peuples colonisés. La politique du PCF n'était pas différente : il affirmait alors que réclamer l'indépendance était faire le jeu de Hitler.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Gouvernement provisoire issu du Conseil national de la résistance, présidé par de Gaulle et comportant des ministres socialistes et communistes, réprima dans le sang les manifestations du 8 mai 1945 en Algérie. Des dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants furent assassinés par l'armée et les milices pieds-noires, pour les punir d'avoir réclamé l'indépendance le jour de la « Libération ». Derrière le mythe de la Libération, il y eut en fait l'union sacrée de tous les partis, y compris le PCF, pour reconstruire la puissance de l'impérialisme français, en métropole contre la classe ouvrière, et dans son empire contre les peuples asservis.

Même si, en 1953, le PCF se prétendait alors un opposant radical au gouvernement, le peuple algérien se retrouva seul dans son combat pour arracher son indépendance et seul face à la répression de l'impérialisme français qui ne fit que s'intensifier par la suite.

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