Le déraillement du 24 juillet, à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, s'est soldé par un effroyable bilan de 79 morts et 140 blessés dont certains très gravement. Le conducteur du train a été rapidement désigné comme coupable alors que bien d'autres responsabilités sont en cause.

Par exemple, comment se fait-il qu'en 2013, à l'ère des radars omniprésents, des capteurs, des commandes électroniques ultramodernes, un train puisse aborder à 190 km/heure une courbe dans laquelle la vitesse autorisée est de 80 km/heure ? Le conducteur a reconnu avoir confondu cette zone avec une autre. Il n'aurait réalisé que trop tard qu'il arrivait sur ce virage à trop grande vitesse, après 80 kilomètres de ligne droite à 200 km/heure. Le freinage tardif n'aurait pas permis de réduire suffisamment la vitesse. L'erreur humaine est donc incontestable, mais cela ne peut en aucun cas justifier le lynchage médiatique subit par le cheminot.

Le tracé de la ligne est reconnu comme comportant des risques. Déjà, en 2011, lors de l'inauguration du tronçon où a eu lieu l'accident, le TGV avait fait une grosse embardée dans le même virage et les syndicats n'ont cessé depuis de dénoncer les carences du dispositif actuel de freinage.

Le gouvernement espagnol comme les dirigeants de la Renfe (la compagnie de chemins de fer espagnole) ont pendant plusieurs jours refusé d'évoquer ces aspects, qui engagent leur responsabilité dans les choix des investissements de sécurité. Tout comme la police et l'administrateur public chargé de la gestion des chemins de fer. Ils n'ont parlé que de l'« erreur humaine ». Mais il était clair que celle-ci n'expliquait pas tout. Cette accusation du conducteur a soulevé la réprobation parmi la population de la région et au-delà. Nombreux sont ceux qui veulent que toute la vérité soit faite sur les causes de cet accident et surtout que toutes les mesures de sécurité soient enfin prises, sur cette ligne comme sur bien d'autres, pour qu'un tel drame ne puisse pas se reproduire.