Argent contre silence, cette pratique choquante est pourtant légale et courante aux États-Unis, où elle est formalisée dans des contrats dits gag order. Mais une grande entreprise d'extraction de gaz de schiste a fait encore plus fort, en exigeant d'étendre l'obligation de silence aux deux enfants de 7 et 10 ans d'un couple de fermiers de Pennsylvanie, vivant au coeur d'un des principaux bassins d'extraction.

La ferme était quasiment entourée de forages pour la fracturation hydraulique, qui projette à haute pression des produits chimiques dangereux pour libérer le gaz de la roche, ainsi que de stations de compression et de bassins d'eaux ultrapolluées. Entre autres nuisances, la nappe phréatique dans laquelle la famille puisait son eau avait été contaminée, et les enfants souffraient de maux multiples.

En 2010, la famille avait attaqué en justice la société responsable de la pollution et celle-ci lui avait proposé un accord : 750 000 dollars pour pouvoir s'installer ailleurs et faire face aux soins nécessaires, contre l'arrêt de la procédure et l'interdiction, à elle... et à ses enfants, de dire quoi que ce soit en public sur le gaz de schiste et la fracturation hydraulique jusqu'à la fin de leurs jours.

Rendue publique grâce au compte rendu dans un journal de l'audience du tribunal qui a eu à examiner l'accord, l'affaire a soulevé l'indignation et a contraint la société à jurer que jamais, au grand jamais, il n'avait été question d'étendre l'interdiction aux enfants.

À défaut d'avoir trouvé une technique plus respectueuse de l'environnement pour extraire le gaz de schiste, elle avait pensé en avoir trouvé une pour bâillonner les victimes... C'est raté !