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- Lutte ouvrière n°2352
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Dans le monde
Syrie : Non à l'intervention armée... même chirurgicale !
Tout le monde, dans les gouvernements et les ambassades, admet aujourd'hui que des armes chimiques ont bien été lancées sur la population, faisant plusieurs centaines de victimes, voire plus. Il apparaît aussi que ce forfait odieux a été commis par la dictature syrienne, malgré les dénégations de ses représentants officiels.
Malgré tout cela, si ces dernières semaines les discours des chefs des grandes puissances se sont faits plus belliqueux, l'intervention n'a pas encore eu lieu. Les États-Unis, et à leur traîne en particulier la Grande-Bretagne et la France, invoquent divers prétextes juridiques de pure forme pour différer leur décision. Or combien de fois les grandes puissances, et en premier lieu les États-Unis, sont intervenues, directement ou de façon indirecte, sans s'embarrasser de savoir si elles étaient dans les clous du droit international ? La France elle non plus ne s'est guère souciée de ces règles quand, il y a quelques mois, elle a décidé d'envoyer ses militaires au Mali. Pour quelques semaines tout au plus, nous disait-on à l'époque. Ses troupes y sont encore.
Cela dit, il est plus que probable que cette fois l'intervention aura lieu. Mais limitée, « chirurgicale » précisent les dirigeants américains, qui ajoutent même qu'elle n'aura pas pour objectif de renverser Assad. Elle se bornerait, disent-ils, à « le punir » pour avoir enfreint les règles et avoir tué chimiquement.
Ces atermoiements ne viennent pas de la crainte de provoquer des victimes. Cette intervention, aussi chirurgicale qu'elle puisse être, soit en utilisant des missiles expédiés à partir des navires de guerre, soit en lâchant des bombes à l'aveugle à partir d'avions survolant le territoire syrien, fera à coup sûr des victimes, y compris dans la population civile syrienne. Cela, toutes les armées du monde s'en moquent. À commencer par l'armée américaine.
Ce qui incite Obama et les siens à une certaine prudence, c'est la crainte de déclencher une escalade dans la région qui, loin de régler la situation, l'aggrave. Une situation qui doit beaucoup aux manoeuvres et aux manigances des grandes puissances. En effet, à force de s'appuyer sur tel ou tel régime pour maintenir l'ordre, ce qui signifie pour ces grandes puissances maintenir leur emprise économique et contrôler les richesses de ces pays, le pétrole en particulier, elles ont réussi à mettre en place une sorte d'équilibre, mais un équilibre extrêmement fragile. Du coup, le moindre incident peut contribuer à le remette en cause. C'est cela qui permet de comprendre les précautions auxquelles on assiste.
Il y aurait, nous explique-t-on, l'obstruction de la Russie et de la Chine, qui s'opposent à une intervention en Syrie. Mais on a déjà vu que les grandes puissances sont capables de passer outre. Sans compter que cette opposition n'est peut-être que de façade, et peut masquer des tractations en sous-main. Sans reprendre cette hypothèse, invérifiable par définition, l'attitude des autorités russes et chinoises a plus servi pour le moment à fournir un alibi pour justifier l'attentisme des Américains et de leurs alliés qu'elle n'a constitué un obstacle.
Sauf que, et c'est le plus tragique, ce cynique jeu d'échecs planétaire se réalise, comme à chaque fois, sur le dos et sur la vie même des populations du Moyen-Orient