Sephora – Champs-Élysées : Pas de crème de nuit26/09/20132013Journal/medias/journalnumero/images/2013/09/une2356.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sephora – Champs-Élysées : Pas de crème de nuit

La cour d'appel de Paris vient d'ordonner la fermeture du magasin Sephora des Champs-Élysées après 21 heures. La direction de l'enseigne de distribution de parfums et cosmétiques, en maintenant les horaires d'ouverture actuels jusqu'à minuit en semaine et jusqu'à une heure du matin le week-end, encourra une amende de 80 000 euros par employé et par jour.

Le groupe de luxe LVMH, dont fait partie Sephora, prétexte le volontariat des employés désireux de travailler la nuit. Il est allé jusqu'à produire à l'appui de sa demande de dérogation une pétition, rédigée par la direction et présentée aux employés par les chefs de rayon, situation plutôt délicate pour les vendeuses et vendeurs qui souhaitaient refuser de signer. Mais lorsque les salaires de base sont au niveau du smic et les horaires partiels, comment oser parler de volontariat, alors que chacun cherche un moyen d'augmenter un peu une paye clairement insuffisante ?

Le groupe de Bernard Arnault argue de la demande de la clientèle parisienne et des touristes noctambules, et de son chiffre d'affaires, réalisé en grande partie la nuit. Il croyait pouvoir s'appuyer sur l'autorisation obtenue en décembre 2012 auprès du tribunal de grande instance pour imposer aux quelque 177 employés des horaires nocturnes, en majorant royalement le salaire horaire habituel de 20 ou 30 %. Mais le tribunal a jugé qu'en l'occurrence la nécessité d'assurer « la continuité de l'activité ou des services d'utilité sociale », qui aurait justifié le recours aux horaires de nuit, n'apparaissait pas évidente : il n'y avait ni coulée d'acier ni vies humaines en jeu...

Ce qui est en jeu, ce sont uniquement les profits du groupe. Ils sont énormes : 3,42 milliards d'euros en 2012. Ils sont en hausse : 12 % de plus par rapport à 2011. Et ils sont en grande partie dus aux résultats en hausse de la division « distribution sélective », autrement dit la chaîne Sephora.

La décision d'y interdire la vente au-delà de 21 heures, chose bien normale, ne causera sans doute même pas une ride aux bénéfices du groupe de luxe.

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